La Parole de Dieu aujourd’hui nous invite à nous émerveiller, en remontant tout d’abord à l’origine de tout. Qu’est-ce qu’il y avait quand il n’y avait encore rien ? La question est de tous les temps et de toutes les cultures. La Bible y répond, à plus d’un endroit. La liturgie a choisi aujourd’hui le texte de Proverbes 8. Une page assez unique où un sage et poète remonte de fait par-delà les montagnes et les mers à ce qu’il y avait « au tout début des chemins de Dieu ». Or là et alors, il y avait en face de Dieu, à ses côtés, une silhouette qui prend la parole dans notre poème et dit comment elle a été choisie, acquise et associée à Dieu lui-même, travaillant à ses côtés, comme son architecte, intime de Dieu et amie des hommes, car, dit-elle, en finale, elle « prend plaisir à fréquenter les enfants des hommes ». Elle ne se nomme pas mais tout le contexte la désigne de fait comme la Sagesse en personne.

Ce poème merveilleux sonde un mystère : Dieu en créant notre monde visible ne se trouvait pas dans une solitude abstraite et froide, mais il trouve son plaisir en elle, sa toute première compagne, la Sagesse, et avec elle il crée et rejoint cet être unique dans toutes les constellations des mondes : l’humain, Adam, le vis-à-vis qui s’éveille à l’étonnement devant l’immense et le très beau qui éclatent à travers tout le poème du créé.

Le psaume 8 que nous avons médité ensuite, prolonge la méditation et s’interroge à nouveau, non plus sur Dieu en lui-même, mais sur l’œuvre de ses mains et notamment l’humain au milieu du cosmos. Qu’est-ce que Dieu en attend pour qu’il s’en préoccupe à ce point ?

Nous n’avons pas fini de nous étonner et de nous émerveiller. Le dialogue entre Dieu et la Sagesse se poursuit dans le cœur de l’homme qui découvre une proximité divine dans l’intimité avec Dame Sagesse.

L’Apôtre Paul en cinq versets esquisse toute notre carte d’identité de chrétien et toute la dynamique qui traverse notre existence réconciliée avec Dieu. Car « nous sommes paix avec Dieu », dit-il en force, dès l’ouverture, et cela grâce à Jésus, par notre adhésion de foi en lui. Et même si des épreuves ne nous sont pas épargnées, nous gardons l’espérance vive et nous marchons vers la gloire, car « en nous a été répandu l’amour de Dieu par l’Esprit saint ». Rien de moins !

En une seule phrase Paul évoque le passé, le présent et l’avenir, il embrasse les vertus de foi, d’espérance et de charité, et il clarifie notre relation de chacun à Dieu, au Fils Jésus Christ et à l’Esprit répandu dans nos cœurs. Dès que nous prenons pleinement conscience de toute notre identité de baptisés, nous retrouvons cette triple relation au Père, au Fils et à l’Esprit, comme nous sommes en mesure de considérer le passé pardonné, le présent réconcilié et l’avenir fait d’espérance de la gloire. Et nous avançons, libres, animés, confiants, capables de supporter bien des contradictions et voués à l’Amour de Dieu qui est premier. En lisant et relisant Paul, on cesse de penser un instant que notre foi trinitaire puisse être compliquée : elle est dynamique, elle est organique, elle est aussi simple qu’un pas de danse, une deux trois, une deux trois, jamais deux sans trois !

Et l’évangile de ce jour ?

« 12 J’ai encore bien des choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter maintenant ». Cela n’est plus vrai maintenant, comme ce l’était avant la Pentecôte.

« 13 lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière ».L’Esprit « vient » et « conduit », nous « guide », nous fait cheminer vers et accéder à la plénitude de la vérité, celle dont parlait Paul : « en paix avec Dieu, justifiés et réconciliés, habités par l’Esprit ».

«  Car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir ». Voilà un Esprit qui en nous parle, agit, transforme, nous fait anticiper ce qui doit venir : à savoir « la gloire », comme disait Paul.

« 14 Il me glorifiera car il recevra de ce qui est à moi, et il vous le communiquera ». Jean dit donc de même : « il glorifiera ». Et il passe du Fils à nous pour communiquer cette glorification qui est déjà à l’œuvre.

« 15 Tout ce que possède mon Père est à moi; c’est pourquoi j’ai dit qu’il vous communiquera ce qu’il reçoit de moi ». L’Esprit est cette remarquable transparence qui ne fait jamais écran entre le Père et le Fils ni entre nous et Dieu. Il communique à merveille.

Notons tous les verbes qui caractérisent en ces quatre versets la présence de l’Esprit : il vient, il fait accéder et conduit, il parle, il dit ce qu’il entend, il communique, transfigure, glorifie, et cela en la plus grande transparence.

Frères et sœurs, célébrons ce mystère, célébrons ce que grâce à Dieu nous sommes devenus et devenons chaque jour davantage : des enfants de Dieu, réconciliés et en paix, destinés à la pleine liberté et à la gloire divine.

« Dieu a deux mains, disait saint Irénée : le Verbe et l’Esprit. Avec ces deux mains il façonne notre glaise humaine dans la stature et la beauté de son Fils bien-aimé. Seulement qu’il nous trouve suffisamment humide, et non endurci, desséché, raide et rude entre ses doigts, pour qu’il puisse y laisser l’empreinte de son image, le sceau qui nous désigne comme ses enfants à lui, frères et sœurs  de son Fils bien-aimé ».    A lui la gloire et l’action de grâces dans l’Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

 Fr. Benoît Standaert