Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. Jésus dit cela dans la synagogue de son village, à ses auditeurs d’alors. Nous, ce passage de l’Écriture, nous ne venons pas de l’entendre. Au mieux, nous l’avons entendu il y a huit jours. Dimanche dernier, Jésus nous a déjà dit cela : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. Pour ceux qui prennent le train en marche, le missel prend soin d’ajouter au texte de l’évangile qu’il a déclaré cela après la lecture du livre d’Isaïe. C’est ce passage-là de l’Écriture qui s’accomplit le jour où Jésus le lit dans la synagogue : L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres…

 Cependant, la liturgie, en laissant passer une semaine entre les deux parties de ce récit, nous offre peut-être l’occasion de comprendre autrement cette phrase de Jésus : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. Jésus ne dit pas seulement cela dans la synagogue de Nazareth, un sabbat de l’an 28 de notre ère. Il dit cela dans l’église du monastère de Wavreumont, le 31 janvier 2016, à l’intention de notre assemblée et en particulier des jeunes d’Ans et de Montegnée qui se préparent à la confirmation : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.

Quel est-il, ce passage que nous venons d’entendre ? Je ne retiens qu’un demi-verset de la première lecture : Je suis avec toi pour te délivrer. Nous avons entendu cela, il y a quelques minutes. Eh bien, aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre, Jésus lui-même est l’accomplissement de ce petit morceau d’oracle.  Jésus est désigné trois fois dans ces sept mots. Je suis. Avec toi. Pour te délivrer.

Quand Dieu est apparu à Moïse dans le buisson ardent, il lui a dit : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis. »  À partir de là, le Dieu dont on ne prononce pas le nom est identifié par cette expression : Je suis. Avec une audace peu banale, Jésus parlera de lui dans les mêmes termes : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je suis (Jn 8,28). Avant qu’Abraham fût, moi, Je suis (Jn 8,58). Vous croirez que moi, Je suis (Jn 13,19). »

Je suis avec toi. Jésus ne s’appelle pas seulement Je-suis, mais aussi Emmanuel, Dieu avec nous. Il accomplit ainsi un autre oracle d’Isaïe : « Voici que la vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel. » Jésus n’est pas seulement le Dieu qui s’est révélé à Moïse, il est le Dieu avec nous. Non pas le Dieu qui a pu nous sembler lointain, sourd ou indifférent, mais le Dieu avec, le Dieu solidaire.

Je suis avec toi pour te délivrer. Jésus est encore le Dieu qui sauve, qui délivre, qui libère. C’est ce que signifie son nom : Le Seigneur sauve. C’est bien ce que l’ange a dit à Joseph : « L’enfant qui va naître de Marie vient de l’Esprit Saint, mais c’est bien toi qui seras son père, c’est toi qui lui donneras son nom. Tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple… »

Ainsi, la petite phrase de Jérémie s’accomplit aujourd’hui dans la personne de Jésus : Je suis avec toi pour te délivrer. C’est son triple nom. Sachant cela, nous pouvons la remettre à sa place dans la bouche du prophète et l’emporter comme la promesse où Dieu s’engage, au sujet de tous les obstacles et de toutes les contradictions que nous rencontrerons dans notre vie chrétienne : Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer.

Fr. François Dehotte