ascension

La célébration de l’Ascension 40 jours après Pâques, évoque la fin des manifestations pascales du Christ à ses disciples, mais elle propose en même temps la promesse et l’intelligence d’une nouvelle forme de présence et d’action du Christ. En effet, c’est par la communauté des croyants qu’Il va désormais se manifester. Le Christ nous invite donc à méditer sur notre manière de vivre en Église et sur notre condition de témoin.

Dans le livre des Actes des apôtres, ceux-ci demandaient à Jésus: « est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »

On peut comprendre l’interrogation des disciples qui attendaient un roi et ne comprennent pas la manière dont Jésus exerçait sa royauté. Et dans leur fébrilité, ils lui demandent des précisions : ‘est-ce maintenant ? »

Jésus n’a pas l’habitude de donner des réponses – rappelez-vous quand les disciples lui demandaient : « où demeures-tu? », il leur répondait : « viens et suis-moi » – surtout pas des réponses précises. Il les renvoie à la liberté de son Père (« il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates ») et par là il les renvoie à leur vocation d’hommes libres et de témoins privilégiés. Au cours de la première génération chrétienne, l’attente de l’avènement du Royaume de Dieu est enrichie et précisée en espérance d’un prochain retour du Christ. Jésus invite donc les disciples à la patience et il leur montre qu’ils ont encore beaucoup à comprendre et un long chemin à parcourir.

L’Église est ainsi née au cœur de cette promesse (« est-ce maintenant, est-ce demain qu’il viendra ?« ) et, plus profondément, dans la faiblesse humaine; oui, c’est par l’Église désormais que Jésus se manifeste plus particulièrement au monde, qu’il se rend présent à lui. Par elle et d’une manière bien mystérieuse, Jésus vient prendre chacun par la main pour l’aider à faire quelques pas à l’intérieur de cette promesse et lui permettre de découvrir sa présence. L’Église est le peuple des baptisés, c’est alors tous ensemble que nous sommes signe et manifestation du Christ ressuscité. Jésus ne reviendra pas pour en sauver quelques uns, il reviendra pour sauver un peuple. Et en attendant, c’est ensemble que nous proclamons et que nous croyons que le Christ est vivant.

On peut se rappeler les disciples en route vers Emmaüs qui étaient en train d’avancer habités par la tristesse de la mort du Christ. Nous pourrions, comme beaucoup, envisager la vie comme une descente progressive vers la mort… Or justement, le mystère de l’Ascension nous ouvre une tout autre perspective, il nous invite à changer notre regard et voir notre vie non plus orientée comme une descente vers sa fin, mais comme une montée. Jésus marchait à côté des disciples d’Emmaüs et aujourd’hui, Jésus monte avec nous; ainsi célébrer l’Ascension, c’est affirmer notre propre ascension, c’est reconnaître que notre vie est en train de grandir, de naître et de s’épanouir.

En montant au ciel, Jésus ressuscité nous a mis en face de nos responsabilités et de notre liberté.

L’Église ne s’est pas construite une fois pour toute il y a plus de 2000 ans. Elle continue à grandir et à se renouveler aujourd’hui en s’ouvrant à l’autre. Et comme l’Église a son cœur dans le pauvre, c’est en nous tournant vers le pauvre que nous vivons l’espérance que suscite l’attente du retour du Christ.

L’Église a toujours été très fragile dans son humanité, mais comme Jésus l’annonce dans les Actes des apôtres, les disciples vont recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur eux. Cette force qui leur sera donnée à la Pentecôte leur permettra d’avancer sans regarder en arrière mais en ayant le regard fixé vers le Christ ressuscité.

Et Jésus leur avait aussi annoncé qu’ils seraient les témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Ainsi, comme héritiers des disciples, nous sommes tous des témoins appelés à témoigner du Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Dans l’évangile, Jésus disait aux apôtres et donc aussi à nous: allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les nations. Chacun est appelé à témoigner de cette présence de Jésus au cœur du monde, à attendre l’autre, à respecter son cri, tout comme Jésus nous aide à nous abandonner pour l’accueillir dans la nouveauté de son visage. Car Jésus n’est pas derrière nous, il est devant nous et nous sommes appelés à avancer pour le reconnaître, l’aimer et nous laisser aimer.

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Ac 1, 1-11
Ps 46 (47), 2-3, 6-7,8-9
Ep 4, 1-13
Mc 16, 15-20

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