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La Parole retentit ce dimanche sous le signe du choix, de l’élection et de l’appel, ce qui convient bien au fondateur de notre ordre, Saint Benoît de Nursie, dont nous fêtons la solennité aujourd’hui.

 » Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. » Alors qu’Amos faisait son métier de bouvier et que Benoît commençait des études à Rome en vue d’une carrière de magistrat, ils entendent l’appel du Seigneur et le prennent au sérieux : une étape de solitude et de maturation, un choix et un passage décisif, le déploiement d’une mission qui dépasse toutes les attentes.

L’évangile d’aujourd’hui fait résonner pour nous une harmonique d’allusions bibliques. L’envoi deux par deux sur la route, un bâton, des sandales, une tunique.

Les deux premiers envoyés dans la Bible, nous les trouvons au début de la Genèse, Adam et Eve quittant le paradis. C’est vrai que Dieu les envoie un peu promener comme on dit. Mais pour les protéger, il leur donne des tuniques de peau. Il s’agit de peau morte, du cuir, comme les sandales que Moïse devra enlever pour marcher sur sa terre et la découvrir sainte. Ces tuniques sont destinées à devenir lumineuses, comme l’habit de fête que recevra l’enfant prodigue à son retour. Quand l’homme pourra revêtir le Christ, ce sera un vêtement de lumière, vêtement blanc, comme celui que l’on revêt au baptême et que le moine, disciple de Benoît, porte plusieurs fois par jour pour venir prier à l’église et se tenir devant son Dieu. Un bénédictin est quelqu’un qui est appelé à vivre pleinement la grâce de son baptême.

Pour la route, la seule chose à emporter, c’est un bâton. Nous pensons au bâton de Moïse qu’il pouvait transformer en serpent à l’instar des magiciens de pharaon, serpent qui dévorait ses concurrents et redevenait bâton : métaphore fantastique pour dire que doute, objection et résistances sont assimilés, digérés dans une foi solide, inébranlable, capable d’ouvrir la mer et de faire jaillir l’eau du rocher. Saint Benoît, lui aussi, avait un bâton que la tradition appelle une crosse. Le mot sonne souvent négativement. Etre crossé, c’est recevoir une verte remontrance. On imagine spontanément l’autorité comme répressive alors que le bâton du pasteur est d’abord là pour guider, rassembler et défendre le troupeau contre les loups extérieurs. Mais si vous regardez bien, une crosse est un bâton en forme de point d’interrogation. C’est cela qui est intéressant, l’autorité de Benoît n’est pas une domination, mais une recherche de traduction de l’évangile dans les situations concrètes de la vie : à l’église, à la cuisine, à l’hôtellerie, à l’infirmerie, à l’atelier, dans le vêtement, l’horaire d’une journée, etc… C’est ainsi qu’il a construit sa règle, en recevant la tradition, en observant la réalité d’un groupe d’hommes qui vivent et cherchent Dieu ensemble, et en se posant des questions. C’est la question qui nous maintient en mouvement et fait de la Tradition une vie en compagnie du Seigneur, plutôt qu’un carcan moralisateur. Où en suis-je dans ma vie ? Qui suis-je en vérité ? Est-ce que j’aime vraiment ceux qui m’entourent ? Quel est mon désir profond ? Osons vivre le paradoxe d’une certitude en perpétuel questionnement.

L’hospitalité est aussi au cœur de l’évangile de ce jour : demeurer avec d’autres dans une maison où l’on est reçu, y partager le pain et la Parole, faire l’expérience que l’accueil réciproque nous humanise; cela nous rend bienveillants, cela aussi est au cœur de l’expérience bénédictine. Si le projet de Benoît est communautaire, il n’est pas communautariste : être ensemble, oui, mais dans la mesure où ce le soit avec et pour le Christ. Si cela est négligé, alors il vaut mieux partir en laissant cependant un peu de poussière, de terre qui peut être accueillera, un jour, la semence.

Tout dans la règle devrait nous aider à chasser ce qui défigure l’homme, ce qui le fait souffrir. Nous mettre à son écoute, c’est prendre le chemin de la guérison et retrouver la santé jusqu’à vivre et percevoir toute chose dans la lumière du Christ. Il est le centre, l’équilibre et le but.

Fr. Renaud Thon

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Lectures de la messe :
Il s’agit des lectures du 15ème dimanche du temps ordinaire B
Am 7, 12-15
Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14
Ep 1,3-14
Mc 6,7-13

Hymne (moines de l’abbaye de Landévenec) :
Vivre à Dieu seul

© 2016 - Monastère Saint-Remacle de Wavreumont

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