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L’évangile que nous venons d’entendre me fait penser à deux faits de l’actualité récente. Le premier est l’affirmation d’un terroriste devant les médias du monde entier : « Allah est le seul Dieu et Mohammed est son serviteur ». Une profession de foi musulmane que l’on peut rapprocher de la profession de foi chrétienne, celle de Pierre qui répond à Jésus : « Tu es le Christ ». Certes, les contextes sont totalement différents. D’un côté, une proclamation provocante dans un monde occidental sécularisé ; de l’autre, une question posée à quelques amis dans une sorte de retraite, à l’écart de tout, dans une société naturellement religieuse. Cependant, la question de Dieu et de sa connaissance se trouve en arrière-fond de part et d’autre.

Dans l’évangile, cette question est posée par Jésus après beaucoup de mouvement et de rencontres. Il a beaucoup bougé, il a multiplié guérisons et actions étonnantes, il se retire avec ses amis et il se livre à une sorte de sondage d’opinion confidentiel :  que dit-on de moi ?  C’est la question qui traverse tout l’évangile de Marc : quel est cet homme ? Pierre intervient en premier – ce n’est pas un hasard, il recevra en fin de parcours ce rôle de premier – : « Tu es le Christ », autrement dit le Messie, tellement attendu en ce temps-là par le peuple juif. Il y avait bien eu en Palestine l’un ou l’autre prédicateur ou faiseur de miracles réputé, mais le grand espoir de la population était de se libérer de l’occupant romain. C’est justement ce messie-là que Jésus ne veut pas être. « Mon royaume n’est pas de ce monde », dira-t-il à Pilate. D’où sa recommandation à ses disciples de garder le secret, puis son annonce du rejet et de la mort violente qu’il va subir. Et, devant l’opposition de Pierre, son invective : « arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». La libération que le Christ apporte au monde n’est pas une libération politique, il ne vient pas résoudre nos problèmes à notre place. Il est l’envoyé de Dieu pour nous le faire connaître et nous indiquer le chemin qui conduit vers lui. Ce n’est pas le chemin de la puissance mais celui de l’amour.

C’est précisément ce chemin de l’amour que nous montre l’autre fait d’actualité que je voudrais évoquer. Il y a quelques semaines, le P. Olivier Maire était assassiné par un homme qu’il avait aidé et hébergé. La foi de ce prêtre l’a conduit à marcher à la suite de Jésus et à prendre sa croix. Il a montré sa foi par ses œuvres, comme l’écrit saint Jacques. « Si quelqu’un prétend avoir la foi sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? » Le Père Olivier a rencontré un frère dans la détresse, il lui a donné le nécessaire pour vivre, et il a suivi le Christ dans sa mort et sa résurrection. « Celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’évangile sauvera sa vie ». L’amour véritable, à l’exemple de Jésus, va jusqu’à renoncer à soi, à ce ‘moi d’abord’ qui nous guette et risque de nous emprisonner en nous-mêmes.

Le prophète avait déjà entrevu cette perspective quand il annonçait la venue d’un serviteur de Dieu qui connaîtrait le rejet et la souffrance. « Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours ». Et nous avons répondu avec le psaume : « je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants ». C’est un chemin d’espérance.

Puissions-nous vivre et témoigner de la charité, de l’ espérance et de notre confiance en Jésus par nos paroles et surtout par nos actes.

Abbé René Rouschop

Lectures de la messe :
Is 50, 5-9a
Ps 114 (116 A), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9
Jc 2, 14-18
Mc 8, 27-35

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