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Chers frères et sœurs,

Considérer la fin de toutes choses est un exercice spirituel. Envisager l’ultime auquel nul n’échappera et auquel même la collectivité de l’espèce humaine ne pourra pas échapper, est un exercice qui peut nous prendre à la gorge, nous terrifier. Et pourtant aujourd’hui même des populations entières vivent des drames d’une telle intensité suite à des ouragans et des pluies diluviennes, suite à des tsunamis ou encore des incendies déchaînés. Nos écrans et nos radios répercutent cette actualité et c’est un des fruits de la globalisation que tout cela nous arrive en même temps, avec ce message : là où l’humain est en grand danger, cela nous concerne tous. Les textes de Daniel et de Jésus seront lus également en Californie ce matin. Une grande détresse comme il n’y en a jamais eu, disait Daniel. Un tel incendie avec autant de victimes, il n’y en a jamais eu, répète-t-on aux États-Unis. Or Marc ajoutait : et il arrivera en ces jours-là après cette grande détresse, celle dont parle Daniel justement, que l’on verra – par-delà l’ébranlement et l’effondrement cosmiques – « alors on verra le fils de l’homme sur les nuées avec grande puissance et gloire. Alors il enverra ses anges qui rassembleront tous les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel ! ». Alors !

Oui, les chrétiens qui ont rédigé ces textes dans la deuxième moitié du premier siècle, avaient cette joyeuse espérance : non seulement il est ressuscité mais aussi, comme corollaire impliqué de sa résurrection : il viendra avec son Règne, il viendra victorieux, dans la gloire. Et nous, nous marchons dans cette perspective.

Dans tout ce grand chapitre 13 de Marc – qu’il vaut la peine de relire dans son entièreté ces jours-ci – il y a constamment une alternance entre les éléments cosmiques et la réalité hautement personnelle. Le cosmique peut nous impressionner, nous écraser, nous terrifier. Mais l’éminemment humain et personnel est là pour nous sauver, nous communiquer sa victoire. L’avant-dernière parole aujourd’hui plaçait les deux réalités l’une en face de l’autre : « Le ciel et la terre passeront », voilà tout le cosmique qui s’effondre et disparaît ! « Mais mes paroles ne passeront pas ». Au cœur du chapitre, c’était la même chose : le soleil, la lune, les étoiles, les puissances célestes : tout s’obscurcit, tout s’ébranle, tout est destiné à un effondrement total. Et en contraste : l’humain, apparemment frêle et presque insignifiant : « Alors on verra le Fils de l’homme… Alors il enverra ses anges ». Cet « alors » répété ouvre à cet autre univers, hautement personnel, fait de relations vivantes et glorieuses.

Aujourd’hui par le biais de ces pages bibliques, le Seigneur nous dit à chacun personnellement : « Réalise bien que tout a une fin mais que la fin de tout sera encore autre chose que la plus grande catastrophe de l’histoire ou le plus terrible incendie du monde.

Je viendrai, sur les nuées, avec puissance et gloire, et j’attirerai à moi tous les élus.

Marche donc vers cet au-delà merveilleux, cette transformation glorieuse, cette fête de lumière sans fin. Ta conduite actuelle contient une exigence : prépare-toi dès maintenant pour cet ultime-là, cette rencontre hautement personnelle, et cette plénitude où tout l’être devient lumière et amour, en Dieu ».

Oui, vivons d’espérance, et de la joie qu’elle engendre. Vivons avec une perspective de victoire sur la mort, sur la déchéance totale, sur ce que prophètes et apocalypticiens nous ont décrit comme l’effondrement cosmique total. Car il y a un au-delà, il y a un Quelqu’un qui ayant traversé les affres de la mort, et se tient là : bien présent, dès maintenant. L’épître aux Hébreux nous l’a décrit d’un trait : « il est assis pour toujours à la droite de Dieu ». Et là il intercède déjà, dès maintenant, inlassablement, pour nous tous. Nous marchons pour aller le rejoindre.

Confessons ainsi notre credo qui assume ces perspectives depuis les premières générations chrétiennes (« il viendra dans la gloire et son règne n’aura pas de fin ») et que notre Prière des fidèles se greffe sur l’intercession du fils de l’homme, grand-prêtre assis à la droite de Dieu pour toujours. AMEN

Dieu est celui qui est, qui était et qui vient. Dans la grande confiance en sa venue, nous osons prier et intercéder :

Pour l’Église de Dieu aux quatre coins du monde. Qu’elle témoigne de sa vive espérance et rayonne de sa foi au milieu de tous les peuples, car Il vient pour nous sauver. Prions le Seigneur

Pour ceux qui vivent la détresse d’avoir tout perdu par l’eau ou par le feu, que la plus pressante solidarité rende leurs souffrances supportables et qu’ils y découvrent un humain plus fort que la mort, prions le Seigneur

Pour les plus démunis dans notre société en ce dimanche que la Pape a désigné comme le dimanche des pauvres. Que nos sociétés renouvellent leur attention et leur soutien auprès de ceux qui sans abris redoutent ces mois de grand froid, prions le Seigneur.

Pour nous-mêmes, que la méditation sur les fins dernières nous inspire sagesse et grande confiance, et que toute notre vie soit une préparation directe de la Rencontre avec notre Seigneur et notre Dieu, prions le Seigneur.

Seigneur notre Dieu
tu es au commencement de tout et tu es toi-même la fin et l’au-delà de tout.
Nous te rendons grâces.
Garde-nous illuminés par la force de ta parole,
que nous marchions avec sagesse et une joyeuse espérance à ta Rencontre,
là où tu nous attends, pour nous attabler ensemble avec tous les saints,
dans une fête sans fin.
Par Jésus, ton Fils et notre Seigneur.
Amen

Fr. Benoît Standaert

Lectures de la messe :
Dn 12, 1-3
Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11
He 10, 11-14.18
Mc 13, 24-32

© 2016 - Monastère Saint-Remacle de Wavreumont

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