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Cathédrale de Saint-Malo – Pentecôte
Fresque de Augustin Frison-Roche – 2021

“Jésus souffla sur ses apôtres ». Comme Dieu souffla sur Adam pour modeler l’homme, de même Jésus souffla sur ses apôtres. Avec la venue de l’Esprit-Saint c’est une nouvelle création qui commence. En répandant son Esprit, Jésus veut nous faire participer à sa vie divine. Mais, comment parler de cette naissance spirituelle, de cet évènement invisible, sinon avec des images et des symboles ?

Dans la première lecture, saint Luc utilise l’image des langues de feu. « Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint ». Il vaut la peine de s’arrêter à cette image des langues de feu. Chaque apôtre a vu une langue de feu, une part de ce feu répartie sur la tête des autres. Il s’agit d’un même feu, d’un même souffle, mais qui se divise, une part pour chacun. Chacun a reçu une partie limitée et adaptée, mais puisque cette part provient du même Esprit, tout le monde se comprend. Les barrières tombent.

Toutefois, si chacun a reçu sa part propre, il n’a pas reçu l’entièreté du souffle de l’Esprit. Seule l’Église réunie a reçu la totalité de l’Esprit. C’est pourquoi, nous le constatons aujourd’hui, l’Église proclame l’évangile en toutes les langues. Nous pouvons aussi expliquer le miracle de la Pentecôte en disant que la langue de l’Esprit-Saint c’est la langue de l’amour, celle qui animait toute la personne de Jésus. Un langage qui touche le cœur et que tous peuvent comprendre. C’est pourquoi, par exemple, quand nous entrons en contact avec des personnes inconnues, avec des personnes qui ne partagent pas notre culture, nos idées, nos croyances, alors nous pouvons invoquer l’Esprit-Saint et prier qu’il nous inspire. L’Esprit d’amour est capable de nous unir au-delà de nos différences et de nos divergences. L’Esprit-Saint nous permet de parler une langue commune, la langue de ceux qui aiment.

De même, quand, à l’écoute d’une personne, nous ne savons comment répondre à son attente. Nous pouvons alors prier l’Esprit-Saint pour qu’il nous inspire comment nous devons réagir et pour qu’il nous souffle une parole qui l’aide à trouver un sens à ce qu’elle vit. L’Esprit d’amour peut surmonter les obstacles et toucher les cœurs, même si nous ne savons pas comment.

Le jour de la Pentecôte, personne ne pouvait voir sa propre langue de feu. Chacun pouvait voir la flamme de feu posée sur ses frères, mais non la sienne. Ceci est très significatif. Nous avons besoin des autres pour nous révéler que nous avons reçu une flamme de feu, pour nous révéler que nous aussi sommes porteurs de l’Esprit. Peut-être, pensons-nous que l’Esprit-Saint ne nous a pas visité et que nous sommes toujours en train de l’espérer. Et puis, soudain, un frère ou une sœur nous révèle notre lumière intérieure et que déjà à notre insu notre vie diffuse un rayonnement. Les autres savent mieux que nous-mêmes notre capacité d’amour et de rayonnement. C’est pour cela qu’il est important de dire aux autres, combien l’amour peut passer à travers leurs gestes, leur manière de parler, leur sourire, leurs attentions, alors qu’ils n’en sont pas conscients. Il est important de refléter aux autres, dans leur propre langue, les merveilles que Dieu réalise dans leur propre vie, dans la vie de leur famille, de leur communauté, de leur peuple. Peut-être, serait-ce d’abord cela notre mission d’évangélisation ? Découvrir et mettre en lumière les traces du feu de l’Esprit-Saint dans l’existence de ceux qui nous entourent ou qui nous visitent.

La beauté de la Pentecôte se manifeste quand, dans nos communautés chrétiennes chacun peut mettre en commun la part de feu qui lui a été attribuée.

Fr. Bernard de Briey

Lectures de la messe :
Ac 2, 1-11
Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34
Ga 5,16-25
Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15

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