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Les lectures de ce jour nous conduisent aux extrémités de l’existence, aux deux portes de la vie : la naissance et la mort.

Les auditeurs de Jésus dans la synagogue de Nazareth témoignent et s’étonnent à son sujet en le ramenant à son origine : « C’est bien le fils de Joseph. Nous l’avons vu grandir, nous connaissons bien sa parenté, l’histoire de sa famille, son lieu d’habitation, son caractère… Alors d’où lui viennent cette sagesse, cet enseignement, cette assurance? « . Retour à une naissance connue. Car jusque-là ces braves nazaréens témoignent de ce qu’ils savent, mais vont- ils se laisser toucher par les paroles de Jésus, par la Bonne Nouvelle actualisée qu’il annonce, ou leur étonnement va-t-il se transformer en méfiance, en un mur infranchissable?

La familiarité et la routine peuvent être les plus grands obstacles à l’accueil profond de l’autre. On le connait, on sait ce qu’il va dire, on en a fait le tour et si un jour il nous étonne c’est qu’il a perdu la tête.

Comme disait le frère Hugues « on est toujours meilleur en déplacement ». Faire une conférence à la communauté, ou à un public tout nouveau et disponible à l’écoute.

L’étonnement devient fureur meurtrière. On pousse Jésus hors de la ville et on prolongerait bien le mouvement au-delà de la falaise pour le précipiter dans la mort. Mais lui allait son chemin. Il doit donner du sens à sa sortie de l’existence, à la deuxième porte de la vie. On ne peut pas lui voler sa mort car elle est trop importante, trop lourde de sens.

La Parole doit voir et faire voir, témoigner et contempler.

Voir l’invisible au-delà de la routine, des apparences, des habitudes et faire voir la source de la vie, le Père origine de toute chose et de toute personne et en témoigner.

Il y a une tradition qui raconte qu’au-dessus du fœtus pendant la grossesse une lampe est allumée et un ange lui enseigne toute la Torah. Le fœtus est donc dans la lumière dont parle la Genèse avant la création des luminaires. Quand vient le moment de la naissance l’ange éteint la lampe et fait pénétrer l’enfant contre son gré dans l’atmosphère terrestre. Alors l’enfant oublie tout.

Il oublie tout le contenu de l’enseignement mais pas l’intuition qu’il y a une lumière autre que le soleil ou l’électricité. Il sait qu’il y a un sens profond à la vie et au-delà de la vie.

Ainsi nous pouvons en étudiant l’Écriture, en l’intégrant dans nos vies, en la mettant en pratique, retrouver le chemin de cette lumière qui sera pleinement dévoilée de l’autre côté de la seconde porte de l’existence : la mort.

Jérémie nous dit que Dieu le connaissait « avant sa naissance » et qu’il lui a donné une mission à accomplir « au-delà de ses propres peurs ». Saint Paul le dira aussi pour expliquer sa conversion spectaculaire. Cela veut dire que chacun d’entre a un rôle à tenir dans la grande aventure humaine, qu’il nous faut le découvrir et l’accomplir, sinon nous risquons de passer à côté de notre vie, de jouer un personnage qui n’est pas nous ou ce que nous avons à devenir

Le psaume évoque l’accompagnement du Seigneur tout au long de notre vie, de la jeunesse jusqu’au crépuscule de notre être et le dernier verset ouvre l’impossible: « Tu seras ma louange toujours ».

Pour trouver l’accès à cette lumière sans fin, le meilleur chemin est l’amour reçu du Ressuscité et magnifié dans l’hymne à la charité de la seconde lecture ; l’amour expérimenté dans les relations interpersonnelles où se développent notre humanité et notre bienveillance. Sans lui toute réalité terrestre n’a pas atteint l’accomplissement de sa saveur. Sans lui les choses et les êtres restent dans l’inachèvement.-« L’amour ne passera jamais »-. Lui seul est capable de dessiner le fragile trait d’union entre deux lumières.

Fr. Renaud Thon

Lectures de la messe :
Jr 1, 4-5.17-19
Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab,  15ab.17
1 Co 12, 31 – 13, 13
Lc 4, 21-30

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