Sans titre

Caroline Chariot-Dayez
Huile sur toile – Détail

Il y a peu de temps, je rencontrais Marie qui fut accompagnatrice d’un foyer de l’Arche à Trosly et comme beaucoup de jeunes qui séjournent là-bas, ils ne restent pas très longtemps sur place et ainsi, les personnes accueillies vivent beaucoup de ruptures dans les relations. Et Marie me racontait que lorsqu’elle était au Val fleuri qui est le nom de son ancien foyer, André, une personne avec des handicaps, l’avait appelée dans sa chambre pour lui demander si elle resterait avec eux l’année suivante. Et Marie embarrassée savait qu’elle partirait mais ne voulait pas blesser André, elle lui avait dit qu’elle devait discerner avec Dieu car elle ne voyait pas encore très clair pour son avenir. Et André lui avait répondu du tac au tac : « mais Dieu est ici« , (en lui montrant toutes les croix et icônes de sa chambre) ; « tu peux lui poser la question maintenant ».

En effet, frères et soeurs, Dieu est ici maintenant dans notre quotidien et nous ne lui parlons pas.

Pourquoi avons-nous tant de résistance pour nous adresser directement à Dieu ? Peut-être, ainsi que le dit Paul dans la lettre aux Corinthiens, sommes-nous encore sous l’emprise de la chair. Et comme André interpellait Marie dont je parlais au début, Dieu est là… Encore faut-il savoir quelle place nous lui laissons dans notre maison, car nous sommes libres d’ouvrir plus ou moins la porte. « Dans de nombreux textes, Paul insiste sur notre liberté : « vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair » dit-il et cela signifie que nous ne sommes plus esclaves des forces du mal, que nous avons désormais la force de faire triompher les vraies valeurs : l’amour, la paix, la vérité, la justice. Nous en avons la force, mais nous n’y sommes pas obligés non plus : à chaque instant, le choix est à refaire. Plus nous laisserons de place à l’Esprit Saint dans notre maison (c’est-à-dire plus nous ferons ce qu’il nous souffle de faire dans la voie de l’amour, de la bienveillance, du pardon), plus nous serons des vivants. »(Marie-Noëlle Thabut).

Quand Jésus, dans l’évangile, dit que ce que son Père a caché aux sages et aux savants, il l’a révélé aux tout petits, il nous découvre un ensemble de valeurs toutes nouvelles; il apporte une nouvelle vision du monde, une nouvelle manière de comprendre la personne humaine.

Vivre selon l’esprit du monde, c’est vouloir accéder au pouvoir, chercher à être important, estimé, avoir de l’influence…c’est cela vivre sous l’emprise de la chair.

Jésus nous appelle sans cesse à quitter ce fonctionnement qui encourage les rivalités et les conflits pour se mettre à l’écoute du plus petit, du plus fragile, du plus laisser-pour-contre. Par lui, Dieu nous parle et nous rejoint, chacun dans sa vulnérabilité.

Le texte de Zacharie entendu dans la première lecture ne nous annonçait pas un roi-messie qui allait entrer dans la ville sur un cheval de guerre… Non, il entre dans la ville sur un âne, la monture des humbles et des petits. La nouveauté du texte de Zacharie, c’est qu’il combine l’attente traditionnelle du Messie-Roi avec celle de l’humilité du Serviteur décrit par Isaïe : puisque son roi est humble : finis les rêves de grandeur, de guerre, de puissance ; une seule chose compte à ses yeux : instaurer la paix pour son peuple.

Rappelez-vous l’histoire que je vous racontais avec Marie qui ne savait comment dire à André qu’elle ne resterait pas dans sa maison l’année suivante, c’est André lui-même qui lui a rappelé que Dieu était là avec eux dans la chambre et qu’elle pouvait lui demander le chemin qui l’amènerait à la paix et à la liberté. Oui ce que Dieu a caché aux sages et aux savants, il le révèle encore aujourd’hui aux tout petits…

Frère Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Za 9, 9-10
Ps 144
Rm 8, 9.11-13
Mt 11, 25-30

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