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Bien chers amis,
Un enfant Parole. C’est une contradiction ou un paradoxe, puisque infans veut dire sans dire. L’enfant parle pourtant sans mots parce qu’il est au plus près de la naissance, au plus près du surgissement de la Vie, de cette expérience incroyable d’advenir. Faites attention aux mots, car ils sont des carapaces. Il faut les ouvrir pour les vivre, sinon ils restent comme un coquillage clos, et dans ce cas, ils n’auront pas plus d’effet qu’une brise agréable sur votre épiderme. Alors que l’enfant de la nuit de Noël veut vous entraîner dans le surgissement de sa Vie humaine et divine. Parce qu’il est pleinement homme, son cri est capable de toucher tout ce qu’il y a en vous, même ce qui semble le plus lointain du religieusement correct. Parce qu’il est pleinement Dieu, toute votre humanité y trouve sa place, son épanouissement et sa destinée. Parce qu’il est le Verbe, sa présence balbutiante devient récit qui nous recrée et qui nous sauve.
Au début, une parole chuchotée au cœur de la nuit, mais appelée à remplir l’Univers. Nuit
illuminée par cette voix, nuit de nos obscurités et de nos drames, des portes qui restent
fermées, des recensements où l’humain n’est qu’un numéro, nuit des guerres où l’on torture et où l’on meurt. Au cœur de toutes ces nuits, son surgissement de Vie dissipe les mortelles apparences et nous appelle à renaître, comme le ressentait Hellène Dalos aux heures les plus tristes de la seconde guerre mondiale : « Seigneur de tout ce qui est, Tu es un avec nous ! Ceci est notre chant, ceci est notre vie : Tu es un avec nous. Nous ne cherchons plus rien. Regarde avec nos yeux ! Œuvre avec nos mains ! Sois dans notre cœur ! Nous ne prions plus, nous ne supplions plus : nous sommes Toi. Notre Seigneur, nais par nous ! »
Que la joie de Noël vous réchauffe le cœur et que vos jours s’épanouissent en Dieu au cours de l’année nouvelle.
Frère Renaud Thon