Trois images tirées des lectures que nous venons d’entendre peuvent guider notre méditation et notre prière : la nouvelle, le chemin, et l’eau.
La nouvelle
Nous sommes souvent à l’affût des nouvelles… Il y a ceux qui les communiquent, et ceux qui les attendent. Le blogueur qui envoie ses messages et la tablette qui va les découvrir, le journaliste soucieux de l’audimat et l’auditeur du journal télévisé, et les jeunes aux yeux rivés sur leur smartphone… Notre monde est inondé d’informations de toutes sortes, et les réseaux dits sociaux les répandent à une vitesse folle…
Mais combien sont-ils aujourd’hui, comme jadis au temps du prophète Isaïe, à espérer une bonne nouvelle qui permettra à l’exilé de rentrer dans son pays ou au réfugié d’être admis dans notre pays ?
La bonne nouvelle pour nous chrétiens, c’est que non seulement Dieu parle aux hommes – comme le croient avec nous les juifs et les musulmans – mais qu’il vient lui-même chez les hommes. « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu » proclament les tout premiers mots de l’évangile selon St Marc. On pourrait arrêter ici sa lecture : tout est dit. Jésus est le Christ, le Messie longtemps attendu, le Fils de Dieu. Commencement : comme les premiers mots de toute la Bible, voici le début de la nouvelle création. « Voici votre Dieu » proclamait déjà le prophète pour annoncer la liberté nouvelle aux prisonniers de Babylone…
Quel accueil réservons-nous au Fils de Dieu qui vient chez nous ? Et comment pouvons-nous répercuter cette nouvelle ?
Le chemin
Il y a les chemins caillouteux et les larges autoroutes… Il y a les superbes réalisations techniques comme le viaduc de Millau ou le pont sur le Bosphore, et il y a les chemins compliqués du dialogue entre les peuples, entre les religions ou à l’intérieur des familles. En parlant d’un chemin à travers le désert, Isaïe n’envisageait certes pas une route facile. Sans doute se rappelait-il que son peuple avait passé 40 ans à chercher le chemin de la liberté – sans oublier que sur ce chemin il avait aussi rencontré la parole de Dieu…
Préparer la route au Seigneur n’est pas une sinécure. Il faut de la patience et de l’endurance. Comment aplanir tous les différends entre les humains ? Que faire pour que ‘amour et vérité se rencontrent, que justice et paix s’embrassent’ (ps.84) ? Comment ouvrir de nouveaux chemins vers Dieu, et ouvrir pour Dieu de nouveaux chemins vers l’humanité du 21e siècle ?
Heureusement, pour lui, mille ans sont comme un seul jour…(lettre attribuée à St Pierre)
L’eau
Jean baptisait dans les eaux du Jourdain pour le pardon des péchés. Marc n’en dit pas beaucoup plus au sujet du Baptiste. Nous comprenons sans difficulté l’importance vitale de l’eau, et qu’elle sert à la purification, et qu’un bon bain régénère. Le Jourdain représente aussi la dernière frontière que les Hébreux ont dû passer pour accéder à la liberté de la Terre promise…
Voici donc une vie nouvelle pour le peuple de l’Alliance. Il ne la trouvera pas en suivant le prophète, ni même Jean le Baptiste, mais en suivant « celui qui est plus puissant, qui baptisera dans l’Esprit Saint ». Tel est le don de Dieu, le bienfait que le Seigneur donne à notre terre. C’est l’Esprit Saint qui est le principal artisan des cieux nouveaux et de la terre nouvelle où réside la justice, où se rencontrent amour et vérité…
Avec cette bonne nouvelle, qui a déjà un goût de Pentecôte, nous pouvons nous mettre à l’ouvrage… et laisser l’Esprit Saint ouvrir la route.
Abbé René Rouschop
Lectures de la messe :
Is 40, 1-5.9-11
Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14
2 P 3, 8-14
Mc 1, 1-8