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Monition

Que de soupçons, de sous-entendus a dû supporter Marie : « Vous y croyez à l’histoire de l’ange Gabriel lui annonçant qu’elle enfantera un fils et qu’elle l’appellera Jésus (le Seigneur sauve) ? De plus, il paraît que ce sera le fils du Très-Haut! »  » Quand elle va redescendre de chez sa vieille cousine Élisabeth, avec le ventre arrondi, pensez-vous que parents, voisins, prêtres ont accepté sa parole : porter un enfant de la part de Dieu, avoir entendu un ange ? » (V.Margron) Et pourtant Marie prend sur elle les soupçons d’illégitimité et de honte auxquels elle associe Joseph !

Aujourd’hui, l’Église nous propose de croire que Marie à la suite de son Fils, premier de cordée, est au début d’une cordée céleste, d’une cordée menant à un au-delà de la mort, menant à Dieu lui-même ! Comme pour les proches de Jésus et de Marie, il nous est aussi difficile de croire en cela aujourd’hui !

Osons mettre nos pas dans ceux de Marie et laissons-la rejoindre chacune de nos histoires !

Homélie

À peine la rencontre mystérieuse et indicible avec l’ange Gabriel terminée, Marie va en hâte chez sa cousine Élisabeth pour lui apporter du réconfort. Elle y va, sans se poser de question. Porteuse d’une bonne nouvelle, elle se met aussitôt en route à la rencontre d’autrui. N’est-ce pas une belle façon de raconter la vie chrétienne ? (Sr. V. Magron) Au cours de leurs échanges, Élisabeth confirme le message de l’ange. Et la rencontre teintée d’un amour sincère, sans condition, se transforme en chant de louange !

Remplie de l’Esprit Saint, Élisabeth s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni… Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Heureuse celle qui prend sur elle les soupçons liés à une naissance mystérieuse voir scandaleuse. Heureuse celle qui accepte, aux yeux des hommes, de porter un enfant illégitime. Ainsi dès la conception de son Fils, Dieu se révèle comme « le Dieu des rejetés, des bâtards que tous nous sommes d’une manière ou d’autre. » (Magron) A travers le « oui » et le ventre de Marie, Dieu proclame à chacune, à chacun : ton existence est liée à la mienne car tu es mon enfant, frère et sœur de mon fils bien aimé. En recourant au Magnificat, Marie proclame que personne n’est illégitime aux yeux de Dieu, que » la seule puissance juste est celle de l’Évangile qui offre de croire qu’il est toujours possible d’en faire des merveilles et de porter du fruit. Un fruit sur lequel personne ne pourra porter la main.  » V. Margron

A travers le chant de Marie, Luc nous projette au-delà de notre horizon morose et nous invite à contempler les réalités ultimes. Il attire notre regard au-delà de ce que nous sommes capables de contempler. Les réalités de ce temps sont appelées à être dépassées. Marie porteuse de la Bonne Nouvelle suscite l’espérance et l’optimisme face aux difficultés rencontrées dans nos vies et dans ce monde.

C’est déjà ce qu’exprime la première lecture à travers un langage imagé : apporter du réconfort à ceux qui souffrent et donner du sens à ce qu’ils vivent. L’auteur recourt à l’image du combat d’un Dragon, porteur de mort, détruisant tout sur son passage s’attaquant à une femme dans les douleurs d’un enfantement ainsi qu’à son enfant. Comment ne rapprocher cela du combat que nous expérimentons tous soit à un niveau personnel, collectif, cosmique et universel entre les forces de vie et de mort, entre la recherche du bien commun, de la solidarité et la recherche du profit et du pouvoir? Ce texte donne sens à ce que nous vivons dans notre quotidien mais il dévoile aussi l’issue :  » l’enfant sera enlevé jusqu’auprès de Dieu et la femme s’enfuira au désert, où Dieu lui a préparé une place. »» (Ap 12,5)

Pour l’auteur, les martyrs des premières communautés chrétiennes, à la suite du Christ et de sa Mère, font partie de la foule immense ayant traversé la rude épreuve et goûtant au bonheur éternel. Parce qu’elle est proche de Dieu et proche de nous, Marie veut nous conduire à découvrir la présence bien cachée mais réelle de Dieu en nos vies. Comme elle, laissons naître Jésus dans nos vies et laissons-la nous soutenir dans nos combats avec les forces du mal : la violence, l’injustice, la mort… Avec elle, ne nous laissons pas voler notre Espérance et notre joie !

Fr. Jean-Albert Demoulin

Lectures de la messe :
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab
Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16
1 Co 15, 20-27a
Lc 1, 39-56

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