Crèche

« Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ». Nous venons à peine de célébrer la paix de Noël et d’adorer l’enfant Jésus et déjà ce dimanche, en cette fête de la sainte Famille, l’évangile nous parle de la nécessité pour l’enfant de Bethléem et ses parents de partir immédiatement et de fuir en Égypte. Que veut nous enseigner aujourd’hui la liturgie de cette fête ?

D’abord, que Jésus doit lui aussi parcourir le même chemin de l’exode qu’a fait le peuple d’Israël à travers le désert. Pour saint Mathieu, il est important que Jésus apparaisse comme le nouveau Moïse. De même que Moïse a échappé à l’extermination des enfants hébreux jetés dans le Nil sur ordre du pharaon, de même Jésus va échapper au massacre des enfants de Bethléem sur l’ordre d’Hérode. Ainsi, l’évangéliste nous dit-il que Jésus est le nouveau Moïse qui, à travers un nouvel exode, conduira son peuple vers une nouvelle et définitive libération. Les chemins de Dieu sont à la fois uniques pour chacun et chacune, et à la fois identiques. Ils sont identiques parce que nos chemins passent aussi, un jour ou l’autre, par un exode, passent par le désert, passent par des moments d’obscurité et de séparation, afin que nous naissions à une vie plus libre et féconde.

Un second enseignement de cette fête, c’est que Jésus est un Dieu pèlerin. Durant toute sa vie, Jésus est en chemin, il marche. Il n’a pas de maison à lui pour s’arrêter et se reposer. Il est toujours en route sur les chemins de Galilée. Dans la Bible, avancer et progresser c’est une condition non seulement pour vivre, mais une condition pour être heureux. Si nous voulons conserver la joie de Noël, nous avons à nous mettre en marche et à vivre en pèlerins. C’est vrai aussi pour des moines qui ont fait vœu de stabilité. Pour eux aussi, il s’agit de chercher et d’avancer, en route vers la Jérusalem céleste.

Enfin, l’évangile de l’enfance nous enseigne que Jésus a choisi la précarité. Dès le début, c’est la précarité de sa naissance, et puis maintenant la précarité de l’exil. Dieu semble aimer la précarité! Cela signifie que nous aussi nous devons apprendre à découvrir la valeur spirituelle de la précarité quand, d’une manière ou d’une autre, elle se présente. C’est elle qui peut nous rendre frères des pauvres, en particulier des migrants et des exilés , mais aussi et surtout c’est elle qui nous fait participer à la condition divine.

Tout cela : vivre comme des pèlerins, passer par des moments de désert, connaître des conditions de précarité, voilà des situations qui nous font peur et pour lesquelles nous nous sentons démunis. Peut-être alors pouvons-nous recourir à l’exemple et à l’intercession de saint Joseph ! Il est d’ailleurs bon qu’en ce temps de Noël, nous nous souvenions de lui. D’habitude, il est toujours très discret et plus ou moins en retrait. Il suffit de penser à la manière dont on le représente souvent dans les tableaux de la Nativité. Mais aujourd’hui c’est lui qui prend les choses en main pour fuir en Égypte et c’est lui qui sauve la situation.

Joseph apparaît comme un homme de décision, entièrement animé par le désir de collaborer à l’œuvre de Dieu. Mais il apparaît surtout comme un sage, capable d’interpréter ses songes. C’est dans la prière, dans l’écoute de la voix intérieure, dans le silence de la nuit, que Joseph découvre comment agir pour protéger l’enfant et sa mère.

L’attitude silencieuse, réfléchie, intérieure de Joseph nous interpelle. Bien souvent, nous réagissons à partir de nos émotions et bien peu, comme lui, après un moment de recueillement et d’une longue écoute intérieure.

Saint Joseph est très discret mais très présent. Il ne parle pas mais agit avec efficacité pour protéger la sainte famille, jusqu’à l’amener très loin pour échapper à Hérode. Sa mission a été d’être le gardien de Marie et de l’enfant Jésus. Et aujourd’hui il continue sa mission de gardien de l’Église.

On peut y voir un exemple pour nous. Nous aussi, nous avons à être des gardiens, nous avons une vocation de veiller les uns sur les autres, en particulier sur les plus faibles et les plus vulnérables. Nous avons à être des gardiens de nos frères et sœurs, à l’écoute des dons qu’ils ont reçu, sans oublier, comme nous le rappelle le pape François, d’être des gardiens de la création et de notre planète si menacée.

Nous avons en particulier à être attentifs aux dangers qui menacent la foi de notre famille ou de notre communauté, à y protéger la présence de Jésus et de sa mère. Mais nous devons d’abord veiller sur nous-même. Nous avons la responsabilité de protéger la vie du Christ en nous, cette vie si fragile. C’est ce qu’on appelle la garde du cœur, qui consiste à veiller sur nos sentiments et nos pensées d’où sortent les intentions bonnes ou mauvaises. En un mot, nous avons à ne pas dilapider la grâce de notre baptême.

Fr. Bernard de Briey

Lectures de la messe :
Si 3, 2-6.12-14
Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5
Col 3, 12-21
Mt 2, 13-15.19-23

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