06072025

“Parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux ». 72 est le chiffre de l’universalité, ce qui veut dire que la mission doit être une préoccupation pour tous les chrétiens et qu’elle n’est pas réservée à quelques-uns. C’est une première interpellation.

« Il les envoya deux par deux en avant de lui ». En avant de lui parce que la mission consiste essentiellement à préparer une rencontre, à préparer l’accueil du Seigneur et puis lui laisser toute la place sans interférer dans une relation avec le Christ qui est le secret personnel de chacun. Et s’ils sont envoyés deux par deux c’est pour qu’ils se soutiennent mutuellement et donner si possible un témoignage d’amour fraternel. Deux par deux ! Comment ne pas penser au témoignage irremplaçable de couples chrétiens qui témoignent simplement par le rayonnement d’un amour qui les dépasse.

« La moisson est abondante » leur dit Jésus. Parfois nous pensons que la moisson dans nos régions déchristianisées n’est pas abondante et qu’elle est au contraire bien maigre. Nous pensons que dans la société d’aujourd’hui les gens n’ont pas le temps de s’intéresser à la religion et à la spiritualité, qu’ils sont trop attirés par les choses matérielles, la recherche de l’argent, les distractions et le sport. Mais c’est là un regard superficiel.

Le Christ pose un autre regard quand il contemple les foules d’aujourd’hui. Il les regarde avec compassion et amour parce qu’il voit leur attente cachée et leurs désirs profonds. C’est pourquoi il dit d’abord aux disciples : « Priez » et non pas : allez, partez tout de suite en mission, il y a urgence. Non, Jésus commence par leur dire : « priez » priez pour que vous puissiez voir avec les yeux de la foi, avec les mêmes yeux que moi, et découvrir combien l’attente est grande, combien la soif spirituelle est intense dans l’humanité d’aujourd’hui comme celle d’hier.

« Priez le maître de la moisson ». Car il s’agit d’être bien conscient que la moisson ne dépend pas de nous, que c’est l’œuvre du Seigneur et que nous ne sommes que d’humbles collaborateurs dont le travail sera efficace dans la mesure où il sera animé par le souffle de son Esprit. Avant toute mission, priez d’abord l’Esprit-Saint.

Alors seulement Jésus leur dit : « Allez ! Voici que je vous envoie ». Comme il est important de se dire qu’on est envoyé, que le Seigneur nous fait confiance et qu’il nous confie à chacun une mission que nous avons à découvrir. Nous sommes appelés à être missionnaires de l’évangile, mais avons-nous une âme missionnaire ? Nous sommes tentés de penser : laissons les gens tranquilles, ne les dérangeons pas dans leurs habitudes et leur conception de la vie, s’ils sont heureux comme cela. Peut-être n’ont-ils pas besoin de l’évangile !

Bien sûr, il ne s’agit pas de tomber dans le prosélytisme, et c’est bien pourquoi Jésus demande de partir légers, démunis de tout. D’ailleurs, Jésus a toujours montré beaucoup de respect pour les personnes et les situations qu’elles vivaient. Mais il est vrai que Jésus avait un tel rayonnement, un tel regard de bonté et d’amour sans jugement que toutes les portes s’ouvraient, même celle d’un homme comme Zachée.

Et nous qui avons reçu ce trésor de la foi et cette lumière qui éclaire et donne sens à notre vie, ne devrions-nous pas être animés par un désir intense de partager avec tous ce trésor de la foi, même si nous sommes conscients de le porter dans des vases d’argile ?

Être missionnaire, voilà un grand mot qui ne devrait pourtant pas nous effrayer.  À entendre l’évangile, on découvre que la mission se joue d’abord dans le quotidien des maisons et de la vie ordinaire. Il s’agit d’être avant tout un messager de paix et une présence qui console et guérit. Cela n’est pas hors de notre portée. Il s’agit d’abord d’être des hommes et des femmes en paix avec eux-mêmes, simplement heureux de la grâce de connaître Jésus et de se savoir aimé par lui. Une paix et une joie qui seront alors contagieuses, dans la mesure où nous sommes habités intérieurement par l’Esprit du Seigneur. Et comment mieux nous laisser transformer par cette présence, sinon en communiant à la vie du Christ, par la grâce de l’eucharistie qui nous réunit chaque dimanche !

Frère Bernard

Lectures : Is 66, 10-14c ; Ga 6, 14-18 ; Lc 10, 1-12.17-20

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