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« Avant tout, demande à Dieu par une très instante prière qu’il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes. » Voici un verset du prologue de la règle de saint Benoît, entre l’appel à l’écoute du cœur et l’invitation à l’action : «  Levons-nous donc enfin… »

Tout commence par un Avant tout, une hiérarchie des valeurs, un discernement, une priorité à donner…

Quand notre faculté d’écoute s’est tournée vers notre intériorité la plus profonde, nos sens, notre intelligence et nos intuitions découvrent cette présence mystérieuse et infinie qui habite en nous. Avant tout, c’est lui donner la première place, c’est renoncer à tout, pour trouver le Tout qu’est Dieu, nous détacher de tout pour nous attacher à Lui seul.

Avant tout, c’est ne rien préférer à l’amour du Christ.

C’est laisser son projet ou son travail pour nous décentrer et rejoindre la communauté à l’office dans l’orientation de tout ce que nous sommes vers Dieu. C’est préférer le silence à une parole qui pourrait blesser, troubler ou même édifier, alors que ce n’est pas le moment. C’est obéir, même s’il m’en coûte, afin de ressembler au Christ obéissant par amour.

Quand ce dégagement est opérer, alors, nous pouvons demander à Dieu : C’est l’attitude du Christ qui ramène toute question devant la volonté du Père.

Le Christ demande d’être éclairé sur ceux qu’il va appeler comme apôtres, pour être avec lui. Et Benoît rassemble des disciples jusqu’à un ordre qui se perpétue aujourd’hui.

Le Christ nous apprend à demander à notre tour dans le Notre Père que le supérieur devra réciter à la fin de l’office pour éloigner les semences de discorde.

Le Christ demande, à Gethsémani, d’éloigner cette coupe, si cela est possible, sinon non pas ma volonté, mais la tienne, qui inspirera l’obéissance aux choses impossibles dans la règle.

Le Christ demande en vue de quoi le Seigneur l’a abandonné, telle la confiance dépouillée de l’homme au cœur de l’humilité : Je ne sais plus qui je suis : un ver ou un homme, mais tu es toujours avec moi, et je sais que tu ouvriras un passage.

Le Christ demande : pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Et Benoît demande de  supporter les faux frères, ou mieux de les laisser et de les aider à advenir à eux-mêmes.

Par une très instante prière devenir prière, conscience de sa présence, dans l’instant, maintenant, pas demain… et de façon déterminée, concentrer nos forces, nos énergies, notre pensée, nos actions sur LUI et la reliance à sa personne…

Et enfin savoir que c’est lui qui accomplira ce que j’ai commencé, que l’accomplissement lui appartient, que je ne dois pas m’accrocher aux résultats de mon action, mais le laisser faire, car c’est LUI qui agit.

Quelle sera donc notre part ? Il s’agit de siéger, de trouver sa place dans une tradition, dans une pratique qui devient une terre portant du fruit. Il s’agit aussi d’ouvrir le champ du relationnel et de recevoir frères, sœurs, pères, mères, inattendus et inespérés. Honorer père et mère devient, chez saint Benoît, honorer tous les hommes, et cela nous ouvre à une famille universelle, celle de Dieu dans son unité de communion.

Bonne fête à chacune et chacun.

Frère Renaud

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