10082025

“Sois sans crainte, petit troupeau”. Jésus regarde avec tendresse le petit groupe de ceux qui le suivent. Ils sont peu nombreux. Jésus devait penser à eux lorsqu’il racontait des paraboles comme celle du levain enfoui dans la pâte, ou celle d’un peu de sel qui donne saveur à la nourriture. Nous avons, nous aussi à apprendre comment vivre notre vocation de chrétien aujourd’hui, en acceptant que nous soyons peu nombreux, au milieu d’une société sécularisée et pluraliste.

« Sois sans crainte, petit troupeau ». Jésus ne veut pas que ses disciples soient paralysés par la crainte et le découragement et perdent la confiance et la paix. Nous sommes un petit nombre, mais si nous demeurons unis au Seigneur, nous trouvons en lui un pasteur qui nous enseigne avec sagesse par sa parole et nous guide par le souffle de son Esprit.

« Soyez sans crainte, votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». C’est là la plus grande marque de confiance. Dieu nous a confié la responsabilité de travailler à son Royaume et de témoigner que le règne de Dieu vient, malgré tous les obstacles. Maintenir l’espérance autour de nous est peut-être notre première responsabilité, comme nous le rappelle cette année sainte.

Mais comment maintenir vive l’espérance alors que le retour du Christ qu’on s’imaginait proche semble reporter toujours plus loin ? Comment ne pas tomber dans la routine, la fatigue ou le découragement ? C’est sans doute pour prévenir ce risque qu’on trouve bien des fois dans l’évangile des exhortations comme celle que nous venons d’entendre : « restez en tenue de service, la ceinture autour des reins, et vos lampes allumées ». Les images décrivent l’attitude de serviteurs qui attendent, alors qu’il fait nuit, le retour de leur Seigneur pour lui ouvrir la porte de la maison dès que celui-ci appelle. A plusieurs reprises cet évangile nous recommande d’être prêts. Non pas parce qu’il faudrait craindre que Dieu nous surprenne et pourrait nous prendre en défaut, mais être prêt pour ne pas manquer le bonheur et la grâce d’accueillir le Seigneur qui nous visite bien souvent de façon inattendue.

Comment maintenir vivante l’espérance ? La deuxième lecture nous en a donné le secret. C’est par une foi vivante. La clef pour rester éveillés et vigilants c’est de vivre notre foi, telle que la Lettre aux Hébreux la définit : « une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaitre les réalités qu’on ne voit pas ». C’est une foi, à l’image de celle d’Abraham, qui repose sur les promesses et la fidélité de Dieu, une foi qui voit au-delà du visible et qui permet de marcher comme si on voyait l’invisible.

Si nous y réfléchissons nous reconnaitrons qu’il nous est déjà arrivé de faire ce saut dans l’inconnu. Pensons à ces moments de l’existence où, comme Abraham, nous avons pris une direction, sans voir clairement où cela nous conduirait mais portés par un élan vital et la confiance en Dieu. Nos plus grandes décisions nous les avons souvent prises en faisant confiance à une petite voix intérieure, avec la foi que Dieu ne peut nous décevoir dans notre attente et qu’il peut accomplir sa promesse, même si nous ne voyons pas comment.

« Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Dieu nous fait l’honneur de faire de nous ses collaborateurs. Il est de notre responsabilité de hâter le règne de Dieu. Il viendra plus rapidement dans la mesure où nous croyons et nous agissons pour qu’il vienne. Mais Dieu respecte notre liberté et n’accomplira pas son projet sans nous. C’est la grandeur et la beauté de notre vie. Nous avons reçu la capacité et la responsabilité de hâter le jour du Seigneur, au point que toutes nos petites initiatives quotidiennes pour susciter plus d’amour et de paix autour de nous, contribuent modestement mais sûrement à la venue du Règne de Dieu.

« Heureux les serviteurs que le Seigneur, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi. Il l’établira sur tous ses biens. » Heureux les serviteurs qu’il trouvera en train de veiller. C’est le Seigneur lui-même qui les fera prendre place à table et passera pour les servir. Quelle révélation extraordinaire ! Et pourtant c’est une réalité que nous vivons déjà chaque fois que nous participons à l’eucharistie : c’est le Seigneur Jésus qui nous reçoit à sa table et c’est lui-même qui nous nourrit pour nous donner les forces nécessaires pour rester éveillés avec un cœur aimant capable de reconnaitre les signes de sa visite dans le quotidien de nos existences.

Frère Bernard

Lectures : Sg 18, 6-9 ; He 11, 1-2.8-19 ; Lc 12, 32-48

© 2025 - Monastère Saint-Remacle de Wavreumont

Nous suivre :  -