20072025

Les lectures de ce dimanche tombent bien pendant le temps des vacances, qu’on soit en retraite ou en repos car c’est un temps où se vit l’hospitalité.

Abraham faisait la sieste à l’entrée de sa tente à l’heure la plus chaude. Mais il voit trois hommes et aussitôt il se lève, va vers eux et les invite. C’est dans sa culture, mais quand même, au moment le plus chaud (au chêne de Mambré, c’est beaucoup plus chaud qu’au Mambré de Wavreumont !) le voilà qu’il court vers eux, se hâte pour tout préparer, court à gauche et à droite, donne des ordres, fait le service… Comme Marthe qui reçoit Jésus dans sa maison.

Dans les deux cas, l’invité n’est autre que Dieu lui-même. Abraham ne le sait pas encore, le texte ne le dit pas clairement mais le suggère en sautant du singulier au pluriel de façon inattendue. Trois personne, une seule. C’est pour cela que Roublev s’est appuyé sur ce texte pour écrire sa célèbre icône de la Trinité. À Béthanie (vraisemblablement le village dont parle notre évangile), c’est Jésus qui est reçu. Marthe non plus ne sait pas encore qu’il est Dieu, Fils de Dieu, envoyé du Père.

Mais la suite des textes est différente, en apparence, car elles s’éclairent mutuellement. Le voyageur fait une promesse à Abraham : « Je reviendrai chez toi au temps fixé pour la naissance, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. » Dans l’évangile, Marthe s’énerve un peu sur sa sœur qui ne l’aide pas au service, et même, elle prend Jésus à partie : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Ce n’est pas très sympathique comme manière de faire, elle aurait pu appeler Marie et régler ce différent entre elles. Mais l’essentiel n’est pas là mais dans la réponse de Jésus, qui, comme d’habitude, se place sur un autre plan. Il nous déplace par la même occasion. Merci pour le bon accueil, mais… l’essentiel est ailleurs.

Dans les Actes, le même S. Luc rapporte que « les Hellénistes se mirent à récriminer contre les Hébreux parce que leurs veuves étaient oubliées dans le service quotidien ». Et les Douze répondent : « Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des tables » (Ac 6, 2). Jésus ne méprise pas le service et sans doute le bon repas de Marthe mais elle s’agite et oublie que l’essentiel n’est pas là. Une seule chose est nécessaire : la Parole. Marie a choisi la meilleur part, elle qui s’est assise aux pieds de Jésus, Verbe fait chair, Parole de Dieu faite chair, en disciple, pour l’écouter. Abraham après avoir servi les trois voyageurs reste debout près d’eux pendant qu’ils mangent. Et ceux-ci lui donnent une parole, la promesse, en laquelle il est invité à croire. Il reçoit la Parole de Dieu.

Donc ces récits sont plus un appel à l’écoute de la Parole qu’une leçon d’hospitalité. Que ce soit en vacances, en repos, en retraite, ce temps « autre » est favorable pour prendre le temps de la Lectio Divina, cette lecture lente, savoureuse, amoureuse de la Parole, nous en laisser imprégner. Un jour j’ai fait un lapsus que j’ai adopté, ce temps nous permet de nous « imbibler » ! Au lieu de nous laisser accaparer par les soucis, tracasser par tant de choses, nous agiter. L’été (pas pour tout le monde, je le sais) invite à ralentir, à nous recentrer. Alors, si nous accueillons la Parole dans un cœur apaisé, non agité, nous pourrons accueillir Dieu « dans notre maison ». Et nous vivrons autrement le service quotidien, nos actions, notre travail… Il ne s’agit pas d’opposer les deux mais de le mettre dans le bon ordre. L’écoute de la Parole transfigurera nos actions.

Sœur Annick

Lectures : Gn 18, 1-10a ; Col 1, 24-28 ; Lc 10, 38-4

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