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Il y a huit cents ans exactement, à Noël 1223, François d’Assise « inventait » une crèche vivante près de Greccio, à une centaine de km de Rome : un âne et un bœuf dans une grotte pour rendre visible ce qui s’était passé jadis à Bethléem. « Il avait voulu cette présence des animaux, écrit le Franciscain Eloi Leclerc, non seulement en souvenir de l’âne qui avait porté la Vierge et réchauffé l’enfant, mais aussi parce qu’il pensait que l’événement de la naissance du Sauveur intéressait la création tout entière ».

En effet, le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. « Il s’est fait fils de l’homme, commentait Saint Irénée de Lyon, pour habituer l’homme à recevoir Dieu, et habituer Dieu à habiter en l’homme … La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Pour comprendre cela, il suffit de voir les parents quand leur enfant grandit : leurs soucis, c’est tout ce qui peut le menacer, leur joie, c’est de le voir s’épanouir, ‘mordre dans la vie à pleines dents’…

Cependant, il faut regarder également ce qui s’oppose à la vie. Nous ne pouvons pas ignorer la morosité du monde actuel : les guerres et les conflits internationaux, particulièrement dans cette Terre Sainte qui nous est si chère parce qu’elle a porté le vie de Jésus, mais encore la misère et la précarité qui touche tant de personnes chez nous et à travers le monde, l’individualisme et l’agressivité qui semblent se multiplier, les scandales de notre Eglise, les problèmes énormes de sauvegarde de la création… Le 2 décembre dernier, le pape François, dans son message à la Cop 28 à Dubaï, posait la question suivante : «oeuvrons-nous pour une culture de la vie ou bien de la mort ? ». Et il invitait les autorités du monde entier à ‘stopper ce délire de toute-puissance’ et à ‘transformer l’avenir commun en une aube de lumière’.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de tomber dans une sorte de catastrophisme. Prendre conscience des ténèbres n’empêche pas de croire à la lumière. Eclatez de joie, ruines de Jérusalem ! s’écriait le prophète Isaïe au moment où il entrevoyait la fin de l’exil forcé de son peuple. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée, ajoute l’Evangile. Et le psaume insistait : acclamez le Seigneur, terre entière !

Comment pouvons-nous de nos jours être porteurs de lumière ?

D’abord en nous ouvrant à la lumière de Bethléem, Dieu avec nous. A l’écoute de sa Parole et dans la prière. De bien des manières, Dieu dans le passé a parlé à nos pères par les prophètes, mais à la fin , en ces jours où nous sommes, Dieu nous parle par son Fils Jésus, avons-nous entendu dans la Lettre aux Hébreux. Cela reste très actuel. Le Seigneur n’a pas changé d’idée : il continue de se donner à nous.

Ensuite, nous serons porteurs de lumière en agissant selon cette parole, selon l’Esprit du Christ et de son Père. « Le peu que tu as saisi de l’évangile, disait frère Roger à Taizé, mets-le tout de suite en pratique ».

Mettre en pratique, pratiquer… Dans le jargon catholique habituel, ‘pratiquer’ veut dire : aller à la messe le dimanche. Eh bien, ce n’est pas idiot ! Je pense vraiment que la participation régulière à l’eucharistie est une nourriture de la foi et un remède pour beaucoup de nos maux, une lumière pour nous guider à travers les obstacles de la vie, et un signe de réconfort et d’espérance au service de l’humanité. Avec le pain et le vin, c’est toute la création qui s’offre à Dieu. En nous inclinant devant la crèche, rendons-lui grâce pour le don de son Fils jadis à Bethléem et aujourd’hui dans l’eucharistie.

Abbé René Rouschop

Lectures de la messe :
Is 52, 7-10
Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6
He 1, 1-6
Jn 1, 1-18

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