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Debout Jérusalem!, nous crie le prophète Isaïe.

A peine Jésus était-il né que très vite les bergers, alertés par les anges, se rendaient à la crèche.

En ce jour de l’Épiphanie, la naissance de Jésus se déploie à la dimension du monde entier. Le cercle restreint des voisins s’élargit et s’ouvre non seulement à tout Israël mais aussi à l’ensemble des nations païennes.

Comment se fait-il qu’une naissance en Israël éveille l’intérêt de ces nations si éloignées ? On aurait pu imaginer cela si, comme aujourd’hui, les réseaux sociaux avaient répandu la nouvelle aux quatre coins de la planète. Malgré l’intérêt pour cette naissance, une question demeure : on sait, en effet, qui est né, il s’agit du Messie, mais personne ne semble savoir il est né, c’est pourquoi on le cherche.

Ainsi, des mages venus d’Orient représentent les nations païennes et viennent trouver Hérode afin de lui demander où se trouve le roi des juifs qui vient de naître. Ils n’imaginaient pas qu’en lui posant cette question, ils allaient lui apprendre une nouvelle importante. Troublé par cette demande, (en effet, si Hérode avait eu connaissance de l’événement, comment aurait-il pu en ignorer le lieu?), Hérode se retourne vers les autorités religieuses. Il fixe donc son regard en arrière vers l’homme ancien tandis que les mages sont attirés vers l’avant par les signes annonçant un événement original : l’humanité renouvelée en Jésus.

Nous sommes en présence de deux attitudes foncièrement différentes et révélatrices de deux visions du monde: d’un côté, nous avons Jérusalem où Hérode est le roi et qui se contente de rester sur place pour interroger les historiens de son époque afin de trouver une réponse rationnelle et plausible dans ses sources, on le dit troublé ; de l’autre côté, nous trouvons Bethléem où Jésus est roi et vers où les mages éprouvant une grande joie se rendent guidés par une étoile… Confiants, les mages ont choisi la marche en avant, espérant trouver le lieu de la naissance en suivant Dieu lui-même venu à leur rencontre par l’étoile. L’étoile symbolise ici le caractère messianique de l’événement, les mages sont tirés vers le haut.

En quittant Hérode, les mages abandonnaient l’univers des réponses toutes faites pour accepter de se laisser interpeller par des signes vivants. Cette étoile rayonnant d’une lumière toujours nouvelle s’arrêtera et indiquera une vie discrète qui, par son amour et son humilité, renversera les puissants de ce monde.

Pourquoi les mages sont-ils justement rejoints par une étoile ? Dieu, en bon pédagogue, rejoint toujours ses enfants dans leur catégorie, dans leur propre mode de compréhension. Les mages n’étaient-ils pas astrologues ? Cela signifie que nous devons être attentifs à tous les signes présents sur notre route, si petit soient-ils, nous pouvons les observer pour les comprendre.

Avec les mages, nous sommes invités à nous lever et à marcher dans la confiance des signes donnés par Dieu lui-même pour le rencontrer. Heureusement que les mages n’ont pas eu une réponse précise d’Hérode, et qu’ils n’avaient pas les yeux braqués sur un GPS, ils auraient sans doute perdu l’étoile de vue. Comme les mages, nous devons accepter que nos questions, si fondamentales soient-elles, ne trouvent pas une réponse définitive qui nous arrêterait, mais seulement des réponses provisoires nous obligeant à poursuivre notre route sur le chemin de la vie. La recherche des mages et leur découverte nous encouragent à nous laisser questionner par les événements, par les autres et par Dieu.

Une légende raconte qu’en fait les rois mages étaient quatre. Mais l’un d’eux avait perdu les autres en route et avait mis trente trois ans pour rencontrer le Christ en train de mourir sur la croix. En chemin, ce quatrième roi avait pris du temps avec les pauvres : cet enfant malade ou ce réfugié non reconnu ou encore cette femme maltraitée. Tous ces pauvres lui indiquaient la route de Gethsémani. Était-il perdu ce roi à la recherche du vrai visage du Christ ?

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Is 60, 1-6
Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13
Ep 3, 2-3a.5-6
Mt 2, 1-12

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