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Avant de célébrer la fête de Noël, rappelez-vous, il n’y a pas longtemps, nous avons eu quelques semaines pour nous plonger dans l’histoire sainte et nous préparer à accueillir la lumière de Jésus venue briller sur le monde.

L’histoire du peuple de Dieu est aussi notre histoire. Et depuis le mercredi des cendres, la liturgie nous propose une autre pause: le carême. Un temps de maturation en compagnie de Jésus où nous allons marcher avec lui, connaître sa passion, sa mort et sa résurrection. La lumière de Noël est la même que celle de Pâques, sauf qu’entre les deux, Jésus va être rejeté jusqu’à mourir et connaître une renaissance dans la vie.

Dans l’évangile, Jésus vit les tentations en faisant preuve d’une grande liberté pour rejeter le tentateur, celui qui veut le faire tomber. Par là, Jésus nous dit que nous sommes capables de cette même liberté. Nous connaissons tous la tentation, mais sommes-nous assez libres d’y renoncer? Le carême peut être ce temps pour apprendre à devenir profondément libre. Plutôt que de s’enfermer dans ce qui nous enchaîne et nous empêche d’être nous-mêmes, Jésus nous invite à nous tourner résolument vers son père. La liberté sera dès lors la conséquence d’une grande écoute de Dieu qui nous parle dans l’Écriture, sa propre parole puisée et prononcée dans son histoire avec l’humanité. Mais Dieu nous parle aussi par notre intuition, notre bon sens qu’il ne faut pas trop vite étouffer, comme aussi par les autres et peut-être ceux-là vers qui on ne se tournerait pas volontiers. Le carême est le temps par excellence où l’on retourne aux différentes sources par lesquelles Dieu se donne au monde. La lecture de la bible, la méditation, la pratique des sacrements et surtout l’écoute des autres. Car en chacun, Dieu se donne.

Le travail de la vérité est le reflet de notre vérité avec Dieu. Après le temps de l’esclavage en Égypte, le désert traversé par le peuple de Dieu est un temps de vérité. C’est aussi celle-ci qui permettra une liberté authentique dans nos relations.

La vérité n’est pas simple à vivre et le carême est aussi le temps où la prière nous est donnée pour nous apaiser et nous orienter vers Dieu pour le louer, le supplier lorsque le poids de la vie, de la souffrance ou des relations humaines est trop lourd à porter. Si Dieu nous a appelés dans telle famille, dans telle communauté, dans tel travail, il reste là à nos côtés pour nous aider à découvrir la paix, à nous libérer et à « être » nous-mêmes dans la vie de tous les jours. Dieu donne une direction à notre vie et nous propose de le suivre. Même si ce chemin passe nécessairement par la croix.

Aujourd’hui, le Seigneur nous invite à redécouvrir l’amour dans toute sa force et surtout dans toute sa fécondité. Au fond, l’amour fait peur comme la vérité et même aussi la liberté. Or la source de l’amour se trouve d’abord en Dieu. L’amour est notre affaire parce que c’est l’affaire de Dieu. Pourquoi alors avons-nous si peur d’aimer?   Aurions-nous peur de Dieu?

La relation qui constitue l’être humain est un don original de Dieu que la Genèse nous évoque. Et le serpent pour la femme de la Genèse comme le diable pour Jésus dans l’évangile veulent tous deux empêcher leur liberté en leur promettant de posséder tout. Mais si l’être humain veut entrer dans le jeu du serpent et accaparer pour lui tout le don, il restera seul et il mourra. C’est ce que Dieu voudrait lui éviter. Pour vivre, il est nécessaire que l’homme assume certaines limites pour que l’autre ait aussi de la place pour découvrir son être en vérité et qu’une relation soit possible.

Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, poursuit la même méditation : et il annonce que l’humanité a franchi un pas décisif en Jésus-Christ ; nous sommes tous frères d’Adam et nous sommes tous frères de Jésus-Christ ; nous sommes frères d’Adam quand nous laissons le poison du soupçon infester notre cœur, quand nous prétendons nous-mêmes faire la loi, en quelque sorte ; nous sommes frères du Christ quand nous faisons assez confiance à Dieu pour le laisser mener notre vie.

Notre Dieu est un Dieu libre, vrai et profondément amoureux de l’humanité, de ce monde. Le carême est un retour à ce Dieu-là. Un Dieu qui vit, qui souffre aussi de nos égarements et qui souhaite notre bonheur de tout son cœur.

Le carême n ‘est pas seulement un retour à Dieu, c’est aussi Dieu qui revient vers nous.

Demandons-lui ce matin qu’il nous aide à faire de ce carême un temps de joie et d’amour, en nous mettant à l’école de l’autre, notre sœur, notre frère qui est avec nous sur cette route sacrée de la vie.

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a
Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17
Rm 5, 12.17-19
Mt 4, 1-11

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