gijs-van-vaerenberg-eglise-looz-belgique-lire-entre-lignes-5

Après la restauration du Temple à Jérusalem, au retour d’exil, c’est la ferveur des recommencements. Mais un siècle plus tard l’enthousiasme des débuts est retombé ! Le culte du Temple a dégénéré : les prêtres, peu dignes dans leur fonction, célèbrent par routine. Pour le prophète Malachie c’est un échec ! Il n’a pas suffi de restaurer le Temple pour rendre vigueur à la promesse faite par Dieu à Abraham. « Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! … Par toi se béniront tous les clans de la terre » (Gn 12, 2-3b). Face à pareille situation, Malachie appelle à un changement radical. Il espère et annonce un nouveau messager pour réactualiser l’alliance. «  Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs pères. » (Ma 3, 23) Pour Israël, Élie emporté au ciel sur un char devait revenir à la fin des temps. Il y a donc urgence à se convertir ! Pour Matthieu ce rôle de préparateur sera assuré par Jean Baptiste : Le « Seigneur que vous cherchez » n’est autre que Jésus. (Mat 11, 2-15)

Ce Jésus, fait de chair et de sang partageant ainsi la condition humaine, a été introduit humblement par ses parents, gens pieux, dans la tradition juive à travers ses différents rites d’initiatio  : la circoncision, la purification de Marie l’autorisant à reprendre une vie profane normale. La Loi permettait aux mamans pauvres d’offrir, en guise de remerciement à Dieu, un couple de colombes ou de tourterelles auprès d’un prêtre de village. En ce qui concerne Jésus, pour Luc, cette offrande associée à sa présentation à Dieu et à sa consécration de premier-né eut lieu au Temple de Jérusalem. Ville où se réalisèrent aussi les rites finaux de la vie de Jésus (passion et crucifixion) ! Cela ne fait-il pas écho à la prophétie de Malachie : »Voici que j’envoie mon messager pour préparer le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez. « ( Ma 3, 1)

En insistant autant sur ce lieu, Luc affirme que Jésus assume non seulement la condition humaine mais tout l’héritage du judaïsme.

Héritage personnalisé à travers Syméon et Anne, homme et femme âgés habitués à fréquenter le Temple de Jérusalem, scrutant les Écritures tous les jours. ‘’Ces deux pauvres du Seigneur’’ appartiennent à la classe des spoliés par des compatriotes peu scrupuleux. Armés de patience et animés d’espérance, ils attendent un Consolateur envoyé par Dieu pour rétablir la justice en Israël. Chacun d’eux à sa manière s’y prépare. Chacun à sa façon reconnaîtra en Jésus, enfant apparemment quelconque, amené au Temple dans les bras d’une maman, le Salut attendu.

Syméon reçoit l’enfant dans ses bras. Image de l’ancienne alliance accueillant la Nouvelle et révélant à Marie et Joseph la véritable identité de leur fils Jésus! Selon Luc, ce familier de l’Esprit Saint et des Écritures pressent qu’à la suite des prophètes, il sera accueilli par certains mais rejeté par d’autres. Ce qui provoquera de la douleur dans le cœur de Marie.

Anne, image de la contemplative servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière, est le premier témoin féminin extérieur à la famille, de la naissance de Jésus anticipant la présence des femmes aux côtés de Jésus durant sa vie jusqu’à sa mort.

Ainsi donc pour Luc, la fête de la présentation de Jésus au Temple célébrée aujourd’hui n’est pas un fait banal. D’emblée, il l’éclaire par toute la densité et la profondeur de la vie de Jésus. Le salut qu’il apporte n’a rien à voir avec les promesses de bien-être à bas prix pour nous-mêmes ou pour le monde!

Pour Luc, à travers un enfant fragile à accueillir, nous sommes invités à reconnaître à la suite de Syméon, d’Anne, de Marie, de Joseph celui qui vient éclairer notre chemin, notre vie et offrir le salut à tous les humains en les libérant avec eux de leurs servitudes, de leur enfermement. Osons-nous y croire ? Éclairés par l’Esprit Saint et guidés par les Écritures, nos yeux et nos cœurs sont-ils assez ouverts pour percevoir les attentes de nos frères et sœurs et habités par l’Esprit pour leur proposer le salut offert par le Christ ?

Inspiré par la revue « Feu Nouveau » 63/2. Décembre 2019- janvier 2020

Fr. Jean-Albert Dumoulin

Lectures de la messe :
Ml 3, 1-4
Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10
He 2, 14-18
Lc 2, 22-40

© 2016 - Monastère Saint-Remacle de Wavreumont

Nous suivre :