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C’était le Jeudi saint. Judas vient de claquer la porte. Jésus adresse à ses disciples un discours d’adieu, son testament spirituel, plein de sens théologique. Les paroles et les questions de ses disciples : « Nous ne savons même pas où tu vas ! », nous indiquent que l’ambiance était à la tristesse. Ce Jeudi saint, avant de se mettre à table, il se lève, ensuite il lave les pieds de ses apôtres. Il leur dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime. Ainsi, je pars vers le Père pour vous préparer une place. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ».   Car auprès de Jésus, tous ont leur place. C’est-à-dire que nous aussi, nous avons la nôtre.

Comment peut-on aller vers le Père ? Quel est le chemin ? Jésus nous dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Philippe et Thomas lui disent : « Où vas-tu ? Montre-nous le Père. » Ils ne comprennent rien. Ils comprendront à la lumière de Pâques, à la lumière de la résurrection.

Le « Je suis » de Jésus nous renvoie au buisson ardent, dans le livre de l’Exode. En fait, l’hébreu biblique permet plusieurs traductions : « Moi, je suis. » « Je suis qui je suis. » « Je suis celui qui est. » « Je serai qui je serai. » « Je serai là en tant que je serai là » : un Dieu indéfinissable, ouverture radicale à l’avenir.

« Je suis le chemin, la vérité et la vie. », dit le Seigneur : il est la voie qui nous fait sortir de l’esclavage, de nos « Égyptes ». Suivre Jésus, c’est lui faire confiance : il est le bon chemin. Toute la tradition biblique nous parle de chemins. L’un, large, qui conduit à la mort, l’autre, étroit, qui conduit à la vie. À nous de choisir.

« Je suis la vérité. » Le mot « vérité » nous parle de confiance, de fiabilité, ce sur quoi on peut s’appuyer, bâtir une maison. Quand on parle de la vie, ce n’est pas nécessairement de la vie biologique, mais de la vie spirituelle dont il s’agit.

« Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Cela nous fait penser presque de suite à Emmaüs, où deux disciples descendent un chemin qui les égare, qui les mène loin de Jésus. Mais Jésus les rejoint là où ils sont. Comme on pourrait le dire aujourd’hui : il nous rejoint là où nous nous trouvons. Jésus est notre seul espoir, il est le roc. Bâtir sa maison sur le roc : voilà donc où nous pouvons bâtir notre demeure sans peur qu’elle ne s’écroule.

Jésus va partir vers le Père. Il donne à ses disciples la promesse d’envoyer le Saint Esprit, le défenseur. Toutes ces paroles de Jésus prennent du sens après Pâques : la résurrection vient illuminer notre route. Elle est une lampe sur nos pas, comme chante le psalmiste. Nous voyons là combien Jésus nous aime. Avec lui, nous sommes invités à descendre au fond de nous-mêmes, guérir notre âme, notre jardin intérieur : c’est le chemin de l’unification. Voilà notre but !

« Je pars vers mon Père pour vous préparer une place. » Notre chemin de conversion n’est pas hors de la vie qui nous est donnée à vivre, c’est-à-dire, la vie quotidienne. Pour cela, il fallait que le Christ souffre, meure sur la croix, soit enseveli et que le troisième jour, il ressuscite d’entre les morts. Si Jésus est le chemin, il faut entendre sa voix qui nous invite à avancer à notre rythme, à construire une demeure pour Dieu en nous. Il y a de la joie et de la peine sur nos chemins de vie.

Dans la deuxième lecture, Jésus nous invite à devenir des pierres vivantes qui servent à construire le temple spirituel. A son exemple, nous pouvons nous entraider sur ce chemin, car nous sommes « la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu. »

De même, la première lecture, tirée des Actes des Apôtres, nous invite à construire l’Église, à mettre nos talents au service de tous. Une Église qui ressemble à Jésus est à bâtir. Soyons ouverts aux signes des temps et marchons unis à lui, car il est le chemin, la vérité et la vie.

Fr. Manuel Akamine

Lectures de la messe :
Ac 6, 1-7
Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19
1 P 2, 4-9
Jn 14, 1-12

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