Comme il est impressionnant d’entendre que Jésus, juste avant de souffrir sa Passion et mourir sur la Croix, a prié pour nous, oui pour chacun de nous qui croyons en Jésus, Christ, Fils de Dieu, grâce à la parole des disciples venue jusqu’à nous au fil des générations.
Et que demande Jésus au Père pour nous ? Quel est son désir le plus fort pour nous ? L’unité ! « Que tous soient un » !
La recherche de l’unité n’est pas une option, elle est l’expression de notre désir de répondre à l’attente de Jésus, à son ultime demande. Les déchirures dans l’Église sont donc une faute grave. Et je suis heureuse de pouvoir dire ceci ici au sein de la communauté de Wavreumont qui essaye modestement, jour après jour, de vivre un chemin monastique œcuménique. Ce n’est pas une option, c’est une nécessité.
L’unité à laquelle nous appelle Jésus, est à l’image de celle qui l’unit au Père dans l’Esprit. Rien de moins ! Et il me semble qu’elle se vit sous plusieurs formes complémentaires.
Tout d’abord, l’unité intérieure. Le terme moine, du grec « monos », signifie cette recherche de l’unité intérieure. Mais ce chemin n’est pas réservé aux moines et moniales. La paix intérieure que nous recherchons tous appelle cette unification en Dieu. Puisque le Seigneur a prié son Père pour que nous soyons un, demandons-lui de nous guider, que son Esprit nous accompagne, nous éclaire et nous unifie en profondeur.
De plus et en même temps, il y a l’unité avec les autres, en commençant avec les plus proches, la communauté, la famille. Seuls, nous pouvons nous leurrer sur notre unité intérieure. Elle se vérifie dans la vie fraternelle, la charité qui tisse l’unité, la vraie communion. Car unité ne veut pas dire uniformité. Notre unité a pour modèle la Trinité, le Père n’est pas le Fils, le Fils n’est pas le Père, mais ils sont un, l’un dans l’autre, sans que l’un n’étouffe l’autre. D’ailleurs, ils sont trois ! On peut envisager l’Esprit comme l’espace qui permet à l’autre d’exister, d’être en lui sans l’absorber. L’Esprit est en même temps l’amour qui circule de l’un à l’autre sans fin. Pensez à l’icône de la Trinité de Roublev, on voit cette circulation d’un personnage à l’autre. De plus, la perspective nous inclut dans ce mouvement. Cette unité est ouverte, féconde. Elle est notre modèle dans toutes nos relations entre croyants : communauté, famille, paroisse, Église, et avec un rejaillissement fécond sur le monde.
L’unité des croyants est demandée par Jésus à son Père « pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». C’est constant dans l’évangile de saint Jean : il s’agit de croire en lui, croire qu’il est l’envoyé du Père et en finale croire en Dieu, croire que Jésus est Dieu, fils de Dieu le Père. Les disciples sont ceux qui l’ont reconnu. Notre mission est de l’annoncer au monde, de prolonger la mission de Jésus. Mais sans l’unité, nous ne serons pas crédibles.
Autre conséquence de l’unité : que le monde sache qu’il est aimé de Dieu. Amour et unité ne font qu’un. Nous avons à faire connaître le nom de Dieu comme Jésus nous l’a fait connaître afin que l’amour dont le Père a aimé son Fils, Jésus, soit en nous et en chacun.
Les lectures nous rappellent que ce chemin est ardu, la foi n’épargne pas l’épreuve : Etienne est lapidé à cause de sa foi, ceux que l’auteur de l’apocalypse appelle « bienheureux » ont lavé leurs vêtements… dans le sang de l’Agneau.
Nous sommes entre l’Ascension et la Pentecôte. Nous attendons l’Esprit (même si nous l’avons reçu à notre baptême) et nous attendons le retour glorieux de Jésus Christ car les anges ont dit aux disciples que « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Alors avec l’Esprit et l’Épouse (l’Église) disons : « Viens ! Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! »
Sœur Annick
Lectures : Ac 7, 55-60 ; Ap 22, 12-14.16-17.20 ; Jn 17, 20-26