Imaginons un instant que nous avons gagné 1 millions d’Euros (ou autres monnaies) : Qu’en feriez-vous avec cet argent ?
- Acheter une maison, offrir des cadeaux, prendre des vacances…
Imaginons maintenant que nous avons reçu 1 millions d’Euros et nous devrons le donner, l’offrir, le partager, …
- Nous allons peut être discerner et dire : qui mérite cet argent ?
Vous l’avez compris, notre évangile d’aujourd’hui parle de l’argent mais pas seulement, l’enseignement nous mène à la vraie question :
Quelle est la véritable priorité dans nos vies ? Est-ce notre santé, notre mode de vie, nos relations ? Jésus nous appelle à ne craindre que Dieu seul, à placer notre confiance en lui pleinement. Dieu doit être le centre de nos préoccupations. Vous allez peut être dire, comment faire dans un monde qui tourne mal aujourd’hui ?
Rappelons-nous Moïse qui enseigne déjà que tous que nous sommes et tous ce que nous avons vient de Dieu lui-même. (cfr. Nbr 27 et Dt 21)
Saint Benoît, lui, parle de la « crainte de Dieu », non pas au sens de peur, mais comme un profond respect et une confiance absolue. Craindre Dieu, c’est reconnaître qu’il nous offre la vie en abondance, comme le bon Pasteur guidant ses brebis vers des prés verdoyants.
Dans son enseignement, Jésus évoque la figure d’un Père et d’une Mère aimants, en qui l’on peut se reposer, qui nous enveloppent de leur tendresse et nous consolent dans l’épreuve.
Luc nous montre Jésus mettant en garde contre l’avidité (nous connaissons la définition de l’avidité c’est-à-dire avoir un désir excessif pour le pouvoir et l’argent) : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie d’un homme, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Quelle parole percutante ! Elle nous pousse à réfléchir : qu’est-ce qui m’empêche de vivre pleinement ? Quels sont les obstacles intérieurs qui freinent mon bonheur ?
Vous êtes d’accord que ce questionnement nous conduit à un (profond) processus de discernement. Est-ce nos possessions ? Notre travail accaparant ? Nos relations virtuelles qui occupent tant d’heures sur les réseaux sociaux ? Et si l’on nous annonçait qu’il ne nous reste qu’un jour à vivre, que ferions-nous ? Cette interrogation pourrait révéler ce qui est vraiment essentiel aujourd’hui.
Dans la première lecture, l’Ecclésiaste exprime une vision désabusée de l’existence : « Vanité des vanités, tout est vanité. » (Ecl 1,2 ; 2,21-23) Il semble perdu, sans espoir ni en la vie ni en la mort.
Saint Paul, lui, nous rappelle l’amour du Christ, source de transformation : « Vous êtes morts avec le Christ… faites donc mourir en vous ce qui appartient à la terre… Le Christ est tout en tous. » (Col 3,1-11) Un appel à renaître en « homme nouveau », détaché de ce qui alourdit l’âme.
Enfin, un homme interpelle Jésus pendant son enseignement, lui demandant d’intervenir dans un conflit d’héritage : « Maître, dis à mon frère de partager l’héritage avec moi ! »
La scène semble compréhensible : dans la tradition juive, les rabbins pouvaient être sollicités pour régler des litiges familiaux. La loi favorisait le fils aîné, qui recevait une double part.
Mais Jésus ne prend pas parti. Il répond à travers une parabole — celle du riche insensé. En grec, le jeu de mots souligne le contraste entre « profite de la vie » et « insensé ! ». Le message est clair : l’attachement aux richesses conduit à l’illusion. Le véritable trésor n’est pas dans l’accumulation de biens, mais dans la qualité. Nous ne parlons pas de nos plans de pensions ou nos épargnes mais d’un TEMPS de qualité.
La vie ne consiste pas à accumuler des biens matériels, mais à cultiver des attitudes profondes, ces richesses intérieures qui donnent du sens à notre existence : l’amour, la compassion, la miséricorde, le pardon, la justice. Ces trésors du cœur ne peuvent être entassés ni conservés dans un grenier. Ils ne se stockent pas, ils se partagent. C’est le don qui les rend vivants. Parfois, c’est difficile – comme pour cette homme qui demande sa part.
Jésus lui-même n’a pas conservé sa vie : personne ne lui a arrachée, il l’a offerte, librement, par amour, pour chacun. Sa vie fut une offrande, un geste d’amour pur — pour les autres, au service du Royaume.
Alors revenons à notre point de départ : Qu’est-ce qui est vraiment important dans ma vie aujourd’hui ? Jésus nous propose un trésor différent — celui du partage, de la relation vraie, celui des Béatitudes, celui que célèbre le Magnificat.
Nous sommes appelés à vibrer sur la longueur d’onde de Dieu, en confiance avec le Père et la Mère célestes, qui nous accompagnent comme des bras sûrs et aimants.
Être riche pour soi-même ? Cela ne mène à rien. Mais être riche aux yeux de Dieu, voilà la seule richesse qui traverse le temps et transforme le monde.
Amen
Sœur Julian
Lectures : Qo 1, 2; 2, 21-23 ; Col 3, 1-5.9-11 ; Lc 12, 13-21
