Seigneur, augmente en nous la foi ! La prière des apôtres de Jésus en ce temps-là est encore d’actualité pour nous en ce 21e siècle. Les bouleversements climatiques qui se manifestent un peu partout dans le monde, mais aussi les guerres, les conflits et les violences quotidiennes pourraient nous faire douter et saper notre confiance en l’humanité et en Dieu. Notre foi chrétienne est non seulement un puissant contrepoison par rapport au défaitisme qui pourrait nous submerger, elle est surtout le socle solide qui soutient notre espérance. Car, comme l’écrit St Paul, ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’oublions pas qu’il écrit cela à son ami Timothée alors qu’il est lui-même en prison ! Et il ajoute, comme il pourrait nous l’écrire aujourd’hui : garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous.
‘La foi dans toute sa beauté’, ce n’est pas un ensemble de doctrines et de commandements, ce n’est pas une théorie à accepter, c’est une relation à vivre. Une relation avec le Seigneur dans la confiance et la fidélité – on pourrait la comparer à une relation solide entre deux amis ou entre deux époux -, elle vaut dans les deux sens : je fais confiance à Dieu, et Dieu me fait confiance. Je sais que je peux compter sur Dieu, et lui espère qu’il pourra compter sur moi, même si ma foi est comme un grain de moutarde, une toute petite semence qui va donner un arbuste solide et généreux.
Le juste vivra par sa fidélité annonçait le prophète. La fidélité : voilà un autre aspect de la foi bien menacé de nos jours ! Non seulement par les événements extérieurs, mais par un flot d’informations et de publicités qui poussent à chercher sans cesse du nouveau : de nouveaux produits, de nouvelles sensations, de nouvelles découvertes… Dans ce contexte, ce n’est pas évident de tenir ferme une conviction, de faire confiance à l’avenir, d’avoir confiance en soi-même… et en Dieu ! Quand on rencontre l’adversité, la maladie, les revers de la vie, l’incompréhension ou l’indifférence… quand on a l’impression que même la prière ne sert plus à rien… Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler sans que tu m’entendes ? s’écrie encore le prophète, confronté au pillage et à la violence. Et le psaume répond : aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur !
La voix du Seigneur, l’Esprit Saint qui habite en nous, le don gratuit que tu as reçu de Dieu – comme l’écrit encore St Paul -, ce don de la foi, comment l’avons-nous reçu ? C’est parfois difficile à dire… Je vous invite à y réfléchir quelques instants… Il y a des illuminations soudaines : Paul justement, sur le chemin de Damas, plus près de nous Pascal, Paul Claudel, Eric-Emmanuel Schmidt… Le plus souvent, on reçoit la foi dans la tradition familiale, puis l’attachement au Christ devient un choix personnel. Multiples sont les chemins par lesquels Dieu nous rejoint. L’essentiel – je reprends St Paul : garde le dépôt de la foi (confiance, fidélité) dans toute sa beauté. Avez-vous déjà remarqué la beauté d’un regard d’enfant plein de confiance ? la beauté d’un don gratuit, sans rien attendre en retour ? la beauté de celui ou celle qui vous fait totalement confiance ? C’est gratuit…
Vous êtes de simples serviteurs, ajoute Jésus, et quand vous me faites confiance et que vous me suivez, vous ne faites que votre devoir… Sommes-nous assez conscients du don que nous avons reçu et de la chance que nous avons de pouvoir suivre le Christ et compter sur son amour fidèle en ces temps d’incertitudes ?
Seigneur, augmente en nous la foi !
Abbé René Rouschop
Lectures : Ha 1, 2-3; 2, 2-4 ; 2 Tm 1, 6-8.13-14 ; Lc 17, 5-10
