26102025

Ce dimanche encore, les lectures nous parlent de la prière, mais pas seulement et sous un angle différent avec cette parabole bien connue du Pharisien et du publicain.
Saint Augustin dit ceci qui peut nous éclairer : « Qu’a-t-il demandé à Dieu ce Pharisien ? Cherche dans ses paroles, tu ne trouveras rien. Il monta prier, mais il ne désirait pas supplier le Seigneur : plutôt se louer soi-même. Le publicain, voilà quelqu’un qui prie. »

Jésus (et St Augustin à sa suite) nous donne donc comme modèle un publicain ! Après la guerre 40-45, on aurait dit un « collabo ». Parabole choc, électrochoc même pour ceux qui écoutent Jésus. Mais c’est voulu car l’évangile nous dit qu’il s’adresse « à certains qui étaient convaincus d’être justes ».
Il s’agit sans doute, des pharisiens qui sont là, avec lesquels il entre souvent en conflit car à cette époque, ils diffusent à Jérusalem tout un courant de pensée visant à ajouter bien des coutumes qui finissent par déformer le sens de la Torah qui est un don de Dieu. De plus, ils se prétendent purs, séparés, supérieurs aux autres.
En quoi le publicain est-il un modèle pour nous ? Sans doute parce qu’il reconnaît son péché, sa faiblesse, ses torts, et il vient à Dieu, comme il est, implorant sa miséricorde : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! »

Dans la 2e lecture, nous avons entendu saint Paul. On ne peut pas dire qu’il soit un exemple de modestie ! Pourtant on peut voir en quoi il se distingue nettement du Pharisien (bien qu’il l’ait été lui-même, avant d’être complètement retourné par sa rencontre avec Jésus Ressuscité). Le Pharisien de la parabole aime se montrer différent et, bien sûr, meilleur que les autres. Paul, lui, a une vision communautaire, la récompense qu’il espère du Seigneur n’est pas pour lui seul, mais sera remise « aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour la Manifestation glorieuse ».
Ces quelques mots montrent déjà que ce dont Paul se réjouit, c’est de la foi, la sienne et celle des autres, l’amour du Seigneur, le désir ardent de sa Manifestation glorieuse, définitive. Il n’énumère pas des pratiques, il aime le Seigneur et c’est sa plus grande source de joie. Sa foi lui a coûté bien des mauvais coups, au propre comme au figuré ! Mais même en faisant mémoire des abandons, il reste plein de mansuétude, de bienveillance : « Que cela ne soit pas retenu contre eux. »
De plus, Paul sait que ce qu’il a pu accomplir, traverser, il ne l’a pas fait de ses propres forces mais grâce au Seigneur. « Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force… » Il reste donc confiant jusqu’au bout. Si le Seigneur l’a secouru, il le fera encore : « Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. »
Paul, c’est le modèle d’une foi solide, une confiance à travers tout. Il semble être très « sûr de lui », en réalité, il est très « sûr de Dieu » ! En cela, il est également un modèle pour nous.

Jésus visait ceux qui se croient justes. La parabole nous rappelle que c’est Dieu qui rend juste, lui qui scrute les reins et les cœurs. Le publicain, ce collecteur d’impôt pour le compte des Romains, méprisé de tous (et on peut le comprendre), rentre chez lui en étant devenu « un homme juste ». De même Jésus n’a pas craint d’appeler Matthieu à sa suite et il est allé chez Zachée. Il nous invite à dépasser nos préjugés et à faire confiance au Seigneur quelle que soit notre situation.
Pour le terme « juste » qui ne nous est pas familier ou qui risque d’être mal compris, je vous propose une image simple, celle d’un instrument de musique. Pour qu’il sonne juste, il faut l’accorder. À nous de nous accorder ou plutôt de nous laisser accorder au cœur de Dieu afin de sonner juste. Car c’est Dieu qui agit en nous. « Qui s’abaisse sera élevé », la forme passive montre que le sujet de l’action est Dieu.

Pour nous tenir ainsi pauvre, humbles et confiants devant Dieu, les psaumes nous aident. Ils nous donnent les mots de la prière, mots qui nous sont donnés par Dieu lui-même et par lesquels Il se révèle également. La prière est dialogue, et particulièrement dans la liturgie.

« Le Seigneur regarde les justes,
Il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
De toutes leurs angoisses, il les délivre.
Il est proche du cœur brisé,
Il sauve l’esprit abattu… »

Quelle assurance nous donne ce psaume que nous avons chanté !
Comme le disait Ben Sira le Sage, dans la première lecture : « La prière du pauvre traverse les nuées ». Et pauvre, si nous regardons bien en nous, comme le publicain, nous le sommes tous. Alors le Seigneur écoute notre prière confiante, aimante.

Pour nous y aider, nous pouvons reprendre au fil de ce jour, de cette semaine, non seulement le psaume 33 mais aussi la prière d’ouverture de ce dimanche :
« Dieu éternel et tout-puissant, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais-nous aimer ce que tu commandes. »
Et que nous commande-t-il sinon d’aimer ?

Sœur Annick

Lectures : Si 35, 15b-17.20-22a ; 2 Tm 4, 6-8.16-18 ; Lc 18, 9-14

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