29052025

“Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu ». Comment comprendre cet article de notre credo ? Jésus n’est pas revenu à sa vie antérieure, il est ressuscité à une vie totalement nouvelle et différente. C’est bien pourquoi les évangiles nous disent qu’on ne peut le retenir. « Jésus fut enlevé au ciel » : On ne peut exprimer cette réalité inaccessible à nos sens, sinon avec des images. Et l’image de la montée au ciel exprime le mieux ce mystère qui nous dépasse complètement.

Toutefois, nous ne pouvons pas être prisonniers d’une image car les mystères de notre foi surpassent toutes les représentations que nous nous en faisons. L’unique chose que nous pouvons dire c’est que le ciel divin est très proche, qu’il est d’une certaine manière de l’autre côté de notre univers quotidien. Il est même déjà présent mais nos yeux ne peuvent encore l’apercevoir dans sa réalité transfigurée. Le Christ ressuscité reste très proche, de cette proximité d’un amour qui nous enveloppe. Nous le croyons parce que nous avons peut-être perçu sa présence et son action dans notre histoire personnelle mais nous le croyons surtout parce que nous nous appuyons sur la promesse de Jésus : « Je suis au milieu de vous, je suis avec vous tous les jours ».

L’Ascension est une fête qui nous invite à la joie et à l’espérance. Une fête de l’espérance car elle nous annonce que notre vie terrestre n’est pas une descente inéluctable vers une disparition définitive. C’est la promesse que notre vie n’est pas condamnée à un mouvement descendant qui nous destine au néant, mais que notre vie trouve au contraire son véritable sens dans un mouvement ascendant, orientée vers une fin qui comblera nos aspirations les plus profondes. Notre existence est une ascension portée par le souffle de l’Esprit-Saint, à l’image du vol de ces grands oiseaux migrateurs qui se laissent emporter par un courant ascendant qui en une fois les mène très haut dans le ciel au point de les perdre de vue.

Il ne s’agit pas pour autant d’attendre, les yeux tournés vers le ciel, mais de nous laisser interpeller par les deux anges qui viennent secouer les apôtres : « pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? ». Comme les disciples nous sommes renvoyés à nos tâches et à nos responsabilités quotidiennes pour y être témoins de l’évangile par notre vie et si nécessaire par la parole. Le corps de Jésus de Nazareth nous est devenu invisible. Mais Jésus s’est donné un autre corps visible, ce corps qui est l’Eglise. Désormais, ce sont nous, tous ensemble, qui sommes appelés à rendre une visibilité à l’amour du Christ. Quelle belle mission et quelle responsabilité que la nôtre !

Les récits de l’Ascension parlent de l’envoi en mission, de l’urgence à proclamer la Bonne nouvelle de Pâques. Toutefois, il est demandé aux apôtres de patienter un peu. « Demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut » leur dit Jésus. À nous aussi il nous est demandé d’attendre l’Esprit-Saint dans la confiance et la prière pour que le Seigneur puisse accomplir, dans chaque situation que nous lui confions, ce qu’il a promis. Nous ne pouvons être témoins du Christ ressuscité que si nous sommes animés par le souffle de l’Esprit-Saint.

Nous avons à l’invoquer et à chercher constamment son inspiration. Au lieu de nous épuiser en essayant de trouver immédiatement une solution à nos problèmes et à nos difficultés en nous fiant à nos propres lumières, nous ferions mieux d’essayer de capter d’abord l’inspiration et l’énergie de l’Esprit qui agit secrètement en nous. C’est le sens de cette attente au cénacle entre l’Ascension et la Pentecôte.

Et puis il y a le dernier geste de Jésus. « Levant les mains, il les bénit. Et tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel ». La dernière image que les disciples ont gardé de Jésus est celle d’un geste de bénédiction. C’est ce qui explique qu’ils retournent tout joyeux à Jérusalem en louant Dieu. Non seulement ils sont envoyés mais ils sont bénis.

Il y a peu, lors d’une réunion avec mon équipe de foyers, plusieurs exprimèrent combien était importante pour eux la bénédiction à la fin de la messe, le sentiment d’être envoyé pour accomplir notre mission d’homme et de chrétien, avec la joie de se savoir bénis par le Seigneur. C’est une source de joie et d’assurance le fait d’entendre que nous sommes envoyés et accompagnés par la bénédiction de Dieu, notre Père du ciel qui nous aime et nous manifeste sa confiance. Et en cette fête de l’Ascension la bénédiction qui conclura notre eucharistie ne se limite pas à la formule simple, elle est solennisée et commence par ces mots :

« Aujourd’hui, le Fils unique est entré au plus haut des cieux, il a ouvert la voie pour que vous puissiez vous aussi vous élever jusqu’à lui. »

Fr. Bernard

Lectures : Ac 1, 1-11 ; He 9, 24-28; 10, 19-23 ; Lc 24, 46-53

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