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Décidément, Jésus n’a pas peur du risque. Il n’a pas peur de mettre en valeur ceux que tout le monde rejette. Dimanche dernier, il raconte une histoire où le beau rôle est joué par un publicain, un percepteur d’impôts collaborateur de l’occupant romain : il restait au fond du temple et reconnaissait ses fautes, mais c’est lui que Jésus qualifie de juste. Aujourd’hui, ce n’est plus une parabole, c’est une rencontre avec un autre publicain, et même un chef des collecteurs d’impôts, quelqu’un d’important : on nous donne son nom, Zachée, ce qui se rapproche de « pur » en hébreu. Ce riche personnage veut voir Jésus : il ne se tient pas à l’arrière du temple mais à l’écart de la foule, monté sur un érable, ‘car il était petit de taille’ note St Luc – peut-être pour signifier une petitesse spirituelle… Toujours est-il que Jésus vient le dénicher et lui demander de descendre – descendre de l’arbre ou descendre de son statut d’homme riche et supérieur…, le texte nous donne à penser…

Mais l’essentiel n’est pas là. Le Seigneur s’invite chez lui en l’appelant par son nom : ‘Zachée, descends vite, aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison’. Voilà une invitation peu banale, et la foule se scandalise que ce prophète aille s’installer chez un homme pécheur. C’est précisément ce que l’évangile veut nous faire comprendre : la miséricorde de Dieu est sans limite, sa proximité avec l’humanité égarée est totale. Le livre de la Sagesse, plus ou moins un siècle avant le Christ, annonçait déjà : Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, tu fermes les yeux sur leurs péchés, tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres…En fait, tu épargnes tous les êtres parce qu’ils sont à toi. Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis pour qu’ils se détournent du mal et qu’ils croient en toi, Seigneur. Admirable profession de foi, qui rejoint le psaume que nous venons de chanter : la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour toutes se œuvres…Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.

Tel est donc le cœur de la parole que Dieu nous adresse aujourd’hui : sa miséricorde est infinie. Et ce n’est pas une histoire du passé, un constat que l’on pouvait faire lors du passage du Christ à Jéricho ou en d’autres lieux de Palestine ; c’est une réalité actuelle. D’ailleurs l’évangile insiste sur l’aujourd’hui : aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi… aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison…

Nul doute que ces mots nous sont adressés en ce moment. Nous aussi, par notre participation à l’assemblée dominicale, nous avons cherché à voir qui est Jésus. Que nous soyons au fond de l’église ou tout près de l’autel, personne d’entre nous n’est parfait, mais le danger est réel de nous croire meilleurs que les autres, comme la foule à Jéricho. Nous avons commencé cette célébration en reconnaissant que nous avons péché. Nous avons entendu la parole du Seigneur qui nous appelle, tels que nous sommes et là où nous sommes, pour venir demeurer chez nous. Nous allons, je l’espère, comme Zachée, le recevoir avec joie. Nous sommes aussi appelés à faire comme lui quelque don aux pauvres : le pharisien du temple se vantait de leur donner la dixième partie de ses biens, Zachée annonce qu’il va en donner la moitié, il serait normal que pour nous aussi le souci des pauvres se traduise en actes et pas seulement en bonnes intentions…

Prions donc, avec St Paul, pour que Dieu nous trouve dignes de l’appel qu’il nous a adressé et pour qu’il nous donne d’accomplir tout le bien que nous désirons.

Abbé René Rouschop

Lectures de la messe :
Sg 11, 22 – 12, 2
Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14
2 Th 1, 11 – 2, 2
Lc 19, 1-10

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