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« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre »

Nous avons là un extraordinaire message de miséricorde. Jésus est le messager par excellence qui ouvre une voie du salut dont nous avons tant besoin : la femme adultère, l’Apôtre Paul qui condamnait les Chrétiens et nous tous.

La question n’est pas tant pourquoi ce mal mais comment guérir le mal car Dieu n’instaure pas le mal il veut nous soulager, guérir et avancer avec nous. Toutefois, on ne se débarrasse pas comme cela du passé. Un ami aumônier de prison me confiait un jour  la difficulté que les personnes qu’il voyait avaient à accepter le pardon et de changer leur vie car tant de mal collait à leur peau.

Dans  un sondage sociologique sur le thème « qui sommes-nous « , la question était posée : Quel est notre vécu et avec quoi nous nous identifions en premier? Avec notre passé, présent ou futur ? Est-ce que nous sommes plutôt entrepreneur, spirituel, femme, homme… ? Résultat, la majorité des femmes s’identifient en premier lieu par leur genre et l’être, qu’elles étaient femmes, alors que  les hommes s’identifient d’abord par leur métier et par l’action. (Toutefois, il ne faut pas généraliser.)

L’évangile aujourd’hui nous laisse perplexe : La femme dite adultère, traînée par les pharisiens sur la place publique, devait être  traumatisée, traversée par la peur, mourir sur place, … vu que la loi ancienne était sévère pour les femmes. Prises en flagrant délit, elles risquent la mort par lapidation. Même un homme qui était pris en flagrant délit d’adultère risquait la condamnation par la communauté.

Rappelons-nous que l’adultère a souvent été évoqué par les prophètes pour désigner et fustiger l’infidélité du peuple envers Dieu. Le prophète Osée en parle déjà au 8 siècle avant Jésus Christ.

Et puis, les scribes s’adressent  à Jésus pour le mettre à l’épreuve; une double provocation sur lui et sur la femme.

Ils le mettent à l’épreuve sur la loi juive et romaine.  La femme est placée « au milieu », posture de jugement pour être condamnée non pas par les scribes mais par Jésus cette fois-ci. Les intervenants s’appuient sur la Loi de Moïse mais il n’y avait pas d’échappatoire, si Jésus allait juger selon la loi ancienne ou la loi romaine elle risquait une condamnation à mort. C’est une tentation pour Jésus comme la mise à l’épreuve au désert. Une situation sans issue pour Lui ? Non ! car ce  contexte de jugement renforcera encore son message :

«Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.»

Jésus soumet ses interlocuteurs  à un examen de conscience et renvoie les pharisiens à la vérité, celle de leurs actions.  Jésus ne les considère pas comme des coupables -en effet ce seront eux qui se jugeront d’eux-mêmes -, mais plutôt comme des victimes, ils sont victimes du système qui les enferme.  Loin de chercher à répondre à leur place, Jésus leur demande d’appliquer la loi « jette la pierre ».  Néanmoins Jésus ajoute quelque chose à cette loi: « que celui qui n’a pas péché ».  Et le texte continue : « Mais les pharisiens, aveuglés par leur mal, braqués sur leur passé, assis sur leurs certitudes se retire un par un. »

Enfin, la femme adultère est laissée seule face à elle-même et en présence de Jésus, avec qui le vrai dialogue peut commencer. La femme a alors la parole et reconnaît Jésus comme ‘Seigneur’ (et pas seulement comme ‘enseignant’, à la manière des scribes et des pharisiens).

Remarquons que Jésus ne justifie pas  les imperfections, loin de là, mais il accueille la personne ; il nous accueille ! Jésus sème la justice et le pardon pour une nouvelle loi. Il est venu non pas pour condamner (selon la loi ancienne) mais pour sauver (selon la loi nouvelle) … Car, dès que nos imperfections viennent à la lumière, nous sommes déjà sur un chemin de guérison.  Pas besoin de le nier, ou de le dissimuler, de l’excuser ou, pire encore, de le justifier. Il suffit d’être nous-même devant le Seigneur, car confesser  nos imperfections c’est en même temps confesser l’amour de Dieu. Le seul inconvénient serait de nous condamner nous-même car pour avancer il faut autant pardonner l’autre que moi-même.

Comme pour l’Apôtre Paul, notre passé reste décisif  mais nous pouvons adopter un regard de la foi  dès maintenant et accueillir la miséricorde divine qui nous  transforme.
Amen.

Sœur Julian

Lectures: Is 43, 16-21 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

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