A la nouvelle année, j’ai visité une exposition sur l’écologie intégrale intitulée « des nouvelles voies » exposant l’évolution de la terre et sa relation à l’homme ; l’importance des sciences de l’ethnologie et l’anthropologie était très visible. Dès l’entrée, le visiteur était capté par une grande flaque d’eau qu’il fallait contourner pour arriver au centre de l’exposition. L’eau était sombre, presque noir foncé. En regardant de plus près, on voyait au fond un grand miroir. Dans les profondeurs de l’eau, je voyais se dégager une image …
Un miroir a toujours une signification matérielle et corporelle : on voit la présence d’une personne qui nous ressemble. Ensuite, il a une signification spirituelle, pour une naissance de qui on est ‘vraiment’. Le miroir dans la Bible est aussi une image de la sagesse, reflet de la lumière éternelle, miroir inaltéré de la puissance de Dieu. (Sa 7, 26).
Aujourd’hui, l’évangile selon St Luc révèle la puissance des éléments : l’eau, l’Esprit et le feu. La rencontre des deux cousins, Jean Baptiste et Jésus, au bord du Jourdain est unique et en ce sens l’Ancien Testament et le Nouveau Testament se rejoignent dans la personne qui s’efface devant celui qui doit venir. A partir du baptême de Jésus commence aussi sa vie publique.
Regardons d’un peu plus prêt.
Il me semble qu’il y a quatre éléments qui peuvent nourrir notre réflexion : l’identification, la consécration, la renonciation et enfin l’humilité.
D’abord, l’identification. Jésus s’identifie avec les humains donc avec nous en faisant la file comme s’il était pécheur lui aussi et avait besoin de conversion. Toutefois, Jésus n’est pas pécheur et il n’a aucun besoin d’eau pour se purifier. Son corps et son âme sont saints et source de toute sainteté. En lui habite « la plénitude de la divinité », dira saint Paul. (Col. 2, 9)
Ensuite, la consécration : se consacrer à Dieu veut dire être mis à part pour le service au Seigneur et ainsi avoir part à son Royaume, c’est-à-dire « recevoir sa bénédiction ». En prière, les cieux s’ouvrent au moment du baptême de Jésus et il reçoit l’Esprit Saint. Avec sa sainteté, Jésus purifie tout : ainsi l’eau du Jourdain et, au-delà, l’eau du sacrement du baptême, sont un signe visible d’une grâce invisible qui dépasse toutes nos imaginations.
Puis la renonciation : Jésus renonce au mal venant des démons. Il embrasse le bon et ainsi annonce la Bonne Nouvelle. Ignace de Loyola, le fondateur de l’ordre des Jésuites, parle encore de l’espérance, sachant que le pouvoir du mal est vaincu et donc limité depuis la résurrection du Christ. Avec cette nouvelle naissance, le croyant se détourne du mal et s’ouvre à la volonté du Père afin de recevoir la force invincible de l’Esprit qui le conduit dans sa « nouvelle vie ». St Paul dira : « Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Eph 4, 24).
Enfin l’humilité : Jésus ne se soumet pas uniquement à son père mais également à son cousin. Il se soumet au plus humble et ainsi il nous montre sa vraie liberté. Il devrait être celui qui baptise Jean mais il se laisse baptiser par lui d’abord.
Nous aussi, n’avons-nous pas besoin de passer par les quatre étapes l’identification, la consécration, la renonciation et l’humilité ?
Vous l’avez compris. Le dernier des prophètes, Jean Baptiste, a humblement annoncé Jésus tout en s’effaçant. D’un côté, le premier baptême de Jean dans l’eau qui guérit nos infirmités et nos imperfections, de l’autre côté le baptême de Jésus dans l’Esprit et le feu pour la conversion et la vie éternelle.
Jésus était en train de prier et sous une apparence corporelle, comme une colombe, il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Lc 3, 22)
Enfin, prions que le baptême soit aussi pour nous l’assurance de l’amour du Père qui nous enveloppe tout entier.
Amen.
Sœur Julian
Lectures: Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12