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C’est le premier jour de la semaine, de grand matin, alors que l’astre du soleil se lève. C’est dans cette atmosphère en attente d’une création nouvelle que se murmure tout à coup: « Christ est ressuscité ». Cette annonce est la clef de voûte de notre foi. « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est notre foi », s’écrie saint Paul. Avoir foi en la résurrection du Christ, c’est croire que la mort n’est pas le terme absolu de nos vies. Alors, Pâques nous ouvre un horizon totalement nouveau parce qu’il préfigure notre propre relèvement de la mort. « Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ », proclamait la deuxième lecture.

Et pourtant, le matin de Pâques, pas de manifestation spectaculaire ! Jésus n’est pas apparu en gloire, de façon triomphante. Il s’est manifesté d’une manière discrète et à très peu de monde et pas de manière évidente mais d’une manière telle qu’il fallait les yeux de la foi pour déchiffrer les signes de sa présence et pour le reconnaître. Aussi la grande nouvelle se communique, ce matin-là, à mi-voix et à quelques-uns seulement. Elle se propage de bouche à oreille, comme un murmure joyeux, parce que les premiers témoins sont habités par une expérience bouleversante difficilement exprimable. La foi pascale grandit et s’amplifie peu à peu dans la mesure où elle se communique, dans la mesure où elle trouve un écho chez des frères et des sœurs qui nous confirment que nous ne sommes pas dans l’illusion : oui, c’est bien vrai, Christ est ressuscité

« Il vit et il crut ». L’évangile de ce jour ne nous en dit pas plus. Il est difficile de partager une telle expérience intérieure où tout s’illumine et vient bouleverser une existence. Cela ne se traduit pas seulement avec des mots. C’est pourquoi le message de la Résurrection exige de nous beaucoup plus qu’une simple reconnaissance intellectuelle. Notre foi en la Résurrection du Christ demande à être confirmée par notre participation à cet évènement, elle est liée à notre propre résurrection. Si nous sommes ressuscités avec le Christ, cela doit se manifester dans notre manière d’être et donner un sens nouveau à toute notre existence. La Résurrection doit avoir lieu aussi en nous. C’est nous qui désormais sommes envoyés pour être témoins de la Résurrection, c’est nous qui devons témoigner de quelle manière Jésus est vivant aujourd’hui. Si le Christ n’est pas ressuscité des morts, vaine est notre foi. Mais notre foi en la résurrection serait tout aussi vaine et vide si elle en restait au niveau des idées et qu’elle n’influençait pas concrètement notre vie. La foi en la présence du Christ ressuscité est beaucoup plus que la conviction que cet évènement a eu lieu jadis. La foi implique que cet évènement devienne une source intérieure qui éclaire toute notre vie. (Thomas Halik)

Il y a bien des manières de vivre en ressuscités et d’en témoigner. Mais en cette année placée sous le signe de l’espérance, nous sommes plus spécialement appelés à être des pèlerins d’espérance. Comme témoins du Christ ressuscités, nous avons la responsabilité d’entretenir l’espérance autour de nous. Nous avons la mission de porter envers et contre tout un regard d’espérance sur la situation et l’évolution de notre monde et de l’Église, parce que nous croyons que Dieu ne cesse d’agir dans le cœur de notre humanité.

Nous maintenons l’espérance en ne parlant pas de façon désabusée et résignée face à la baisse de la pratique chrétienne, ou bien face à la situation de nos communautés religieuses vieillissantes. Nous avons à en parler au contraire de manière à maintenir ouvertes les « portes de l’espérance », en les maintenant ouvertes à l’action imprévisible de Dieu dans nos familles, dans nos communautés et notre société ; car si le Christ est ressuscité, Dieu peut toujours nous surprendre, en suscitant la vie là où on ne l’attendait plus.

Si Christ est ressuscité, la mort a été vaincue et notre destinée ne se termine pas avec la mort. Comme dit le psaume, Jésus a ouvert un chemin dans la mer, c’est-à-dire dans la mort. Pâques évoque le fait de passer, évoque une traversée. Alors qu’il semblait qu’il n’y avait aucune issue possible, Dieu a ouvert une porte, la porte de l’espérance. Notre espérance se réalisera mais d’une manière que nous ne pouvons imaginer, une espérance merveilleuse puisque notre foi parle aussi de la résurrection de la chair, c’est-à-dire la résurrection de toutes nos relations, de tout ce que nous avons essayé de construire avec amour pour édifier un monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel.

Telle est notre espérance. La joie que nous pouvons expérimenter à certains moments, comme ce matin de Pâques, nous indique que nous allons dans la bonne direction, car la joie est un indicateur qui ne trompe pas. Certes ce sont des instants d’éternité qui ne durent pas, mais ils nous laissent entrevoir la réalisation de la promesse. Nous sommes des pèlerins en quête d’éternité mais c’est aussi cela : vivre déjà en ressuscités.

Frère Bernard

Lectures : : Ac 10, 34a.37-43 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9

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