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Aujourd’hui le Christ est né ! Le temps de la faveur est arrivé, le temps de la réponse de Dieu à tous nos cris.

Mais comment cela ? Refaisons ensemble le parcours de notre longue attente :

Le chaos de notre monde semblait avoir jeté aux détritus nos rêves d’enfant, nos désirs d’innocence, de paix et de réconciliations. Pourtant à travers les affolements, emballements, désarrois et peurs germe comme un ajustement entre notre désir primordial et une étoile à fixer, à atteindre. Une germination bruisse, une transformation lente et profonde a commencé. Nous relevons la tête aux pleurs d’un nourrisson et commençons à percevoir une lueur d’espérance qui se traduit par le désir d’un amour de plus en plus intense et débordant à l’égard de tous les hommes.

Mais le bruit des armes tente de détourner notre attention, nous sentons furtivement autour de nous les intrigues de l’histoire et la logique du pouvoir. Alors pas question de perdre de vue le lieu de la crèche, car là, nous apprenons qu’une autre réalité nous conduit, que l’amour naissant en nos cœurs nous fait faire l’expérience de Dieu qui nous conduira à la pleine connaissance de qui Il est et de ce que recèle toute créature : sa Présence.

La joie peut naître alors en même temps que Jésus qui dissipe nos inquiétudes et nous donne de nous réjouir en lui de la vie d’autrui.

Une belle façon de nous souhaiter une bonne fête de Noël serait de nous dire les-uns aux autres : «  Il est bon que tu sois là. Je suis heureux de ton existence et de partager ma vie avec toi,… »

Quand nous disons ce genre de paroles avec sincérité, nous faisons à autrui ce qu’on aimerait qu’on nous fasse et il n’y a pas de plus beau cadeau. Alors la volonté de Dieu peut se faire en nous. Dieu s’incarne dans notre quotidien, dans nos regards, nos décisions, nos actions et les petites choses de la vie.

Dans l’attente de cet aujourd’hui de la naissance de Jésus, nous avons chanté plusieurs fois ces versets du prophète Isaïe : « Au temps de la faveur, je te réponds, au jour du salut, je te secours, je fais de toi l’alliance du peuple, pour relever le pays, restituer les héritages dévastés et dire aux prisonniers : Sortez ! Aux captifs des ténèbres : Montrez-vous ! ».

En écoutant ces mots, je ne puis m’empêcher de revoir ces images terribles de l’ouverture des portes des cachots de la prison du pouvoir dictatorial de Bachar el Assad, appelée l’abattoir humain.

Ces regards étaient éberlués et encore hésitants à croire à la liberté retrouvée en voyant la lumière. Et au milieu de ces ombres aimantées par la vie, la caméra fixe un enfant de trois ou quatre ans perdu dans cet enfer, sans doute issu d’un viol et n’ayant jamais rien vu d’autre qu’une prison. Cet enfant peut nous dire qu’il n’y a pas de lieu où la vie est définitivement vaincue et où l’humanité ne pourrait rechercher le chemin de ce qu’elle est en vérité. Dans l’enfant de la crèche, c’est Dieu lui-même qui nous le confirme : son Amour est plus grand que tous les péchés, son innocence nous purifie, nous illumine et nous donne en partage la vie divine.

Accueillons cet Evangile et faisons le grandir en nous et entre nous.

Bonne fête de l’Incarnation.

Frère Renaud

Lectures :  Is 52, 7-10 ; Hb 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18

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